Lorsqu’il arrive sur le parking, Emmanuel tombe nez à nez avec Kenza et Nicole Bertin, en pleine discussion. Le préparateur n’a pas le temps de verrouiller le cadenas qui protège son vélo que Nicole l’interpelle déjà :
- Tu tombes bien. Julien et J-C veulent nous voir pour nous parler des changements dans la classification des emplois. Vous n’avez pas fait de note sur le sujet dans ton syndicat ?
- Si. Mais c’est aux employeurs de faire le point sur les modifications avec chaque salarié.
- Encore un truc qui ne sert à rien, rétorque Nicole.
- Non, cette fois-ci il y a de réelles avancées. Un exemple : Nicole, tu es dans l’entreprise depuis combien de temps ?
- Je suis arrivée en 1995. Calcule…
- Trente ans ! Ah oui quand même… Et bien tu vas passer au statut d’assimilé cadre. Obligatoirement.
- Ça me fait une belle jambe ! Je vais gagner un petit truc en plus ?
- Je te parle du statut, pas du salaire. C’est une reconnaissance professionnelle, non ?
Sceptique, la préparatrice ne cache pas sa déception.
- Concernant ton salaire, il va peut-être changer lui aussi. Tout dépend de ton coefficient actuel et du taux horaire appliqué. Si c’est inférieur au minimum conventionnel défini par la nouvelle grille, alors ton salaire doit être révisé. Les titulaires t’expliqueront tout ça.
Le visage de Nicole s’illumine.
- Emmanuel, tu fais sourire Nicole ! Quelle prouesse, plaisante Kenza. Et pour les pharmaciens sans ancienneté comme moi ?
- Je ne te cache pas que nous sommes un peu déçus par ce que nous avons obtenu pour les adjoints, mais…
- Mais ?
- Il y a tout de même des améliorations. On a réussi à faire admettre que tous les pharmaciens ne visent pas l’installation. Les adjoints peuvent faire carrière sans devenir titulaire, répond Emmanuel en regardant sa montre. Faut qu’on y aille les amies !
Dans la pharmacie, Julien et Marion préparent la réunion d’équipe mensuelle.
- Je propose de parler du changement de réglementation pour le nefopam, dit Marion en montrant un article dans le « Quotidien du pharmacien ».
- Oui, bonne info, pratique. On l’ajoute au programme. On fera aussi le point sur les nouvelles recommandations pour remplacer Largactil et RisperdalConsta.
- À ce propos, je me suis fait rembarrer par le psychiatre de l’hôpital qui suit Monsieur Mandalin. Il n’a pas apprécié que je délivre la palipéridone. Mais je n’avais pas le choix. Le patient est venu au dernier moment, et un samedi évidemment.
- Tu as bien fait, la rassure Julien.
- L’idéal serait de lister nos patients sous rispéridone et de prendre contact avec leur médecin avant même que les patients ne reviennent. En résumé, on anticipe. Je m’en charge.
- Bonne idée. Autre chose : Louis commence aujourd’hui mais je ne pourrai pas m’occuper beaucoup de lui. Nous recevons chaque collaborateur pour faire le point sur la nouvelle grille des salaires. Je te laisse t’en occuper ?
- Avec plaisir. Il a un petit truc qui me plaît chez ce jeune. Je ne l’ai vu qu’une fois mais je le trouve très appliqué. Quelque chose ne va pas Julien ?
Le titulaire devient blême.
- Ça va, ça va. Je suis fatigué parce que Léon fait ses premières dents. Et depuis que Karine s’est mise en retrait de la pharmacie, j’ai l’impression de courir après le temps…
(À suivre…)