Le 20 mai, une centaine d’habitants de Saint-Léon-sur-l’Isle ont manifesté pour s’opposer à la fermeture annoncée de l’unique pharmacie du village.
La situation est somme toute habituelle. Martine Chivit*, 64 ans, titulaire de cette officine, souhaite partir à la retraite à l’automne. Sa recherche de repreneur étant demeurée sans résultat, elle se tourne vers ses confrères de Saint-Astier et Neuvic, les deux communes voisines distantes de 5 km.
Les deux pharmacies sont prêtes à racheter l’officine de Saint-Léon, mais pour la fermer et reprendre sa clientèle : « Cette officine est difficile à maintenir pour des raisons de rentabilité, car elle fait une grosse part de son chiffre d’affaires sur des médicaments chers, explique Antoine Barsby, titulaire de la Grande Pharmacie de Neuvic. De plus, outre un titulaire, il faudrait aussi recruter un adjoint et un préparateur, les professionnels en place étant proches de la retraite. Enfin cette officine est isolée ; contrairement à Saint-Astier et Neuvic, Saint-Léon ne compte ni grande surface et ni médecin. »
Pour les repreneurs, il semble logique pour la population d’aller à la pharmacie là où elle fait ses courses. Mais pour la mairie et les 2 000 habitants de Saint-Léon, dont de nombreuses personnes âgées, la fermeture de l’officine ne passe pas. D’où leur mobilisation.
Les repreneurs jettent l’éponge
Devant le tollé, les deux pharmaciens repreneurs décident de se retirer : « On passait pour les méchants qui font fermer la pharmacie, poursuit Antoine Barsby. Aussi, pour faire cesser cet emballement et ces tensions – une de mes préparatrices a été prise à partie en faisant ses courses – nous avons jeté l’éponge. »
Si le dossier n’évolue pas, Martine Chivit, la titulaire de l’officine de Saint-Léon, risque d’être la grande perdante de ces événements. En effet, sans repreneur, il lui sera bien difficile de partir à la retraite dans des conditions satisfaisantes : « Nous sommes tristes pour elle, car nous nous l'apprécions beaucoup, et elle a encore des crédits à rembourser, regrette Antoine Barsby. Si nous avions pu exposer tranquillement nos arguments, la population aurait pu la comprendre. »
Peut-être n’est-il pas trop tard pour rétablir le dialogue…
* La pharmacienne n’a pas souhaité répondre à nos questions.