Le projet de l'Union régionale des médecins libéraux (URML) pour la télémédecine a été présenté par Sébastien Ledunois, pharmacien à Saint-Lô et responsable syndical (FSPF), à Christophe Hameau, le pharmacien de Remilly-les-Marais (Manche). Christophe Hameau, également conseiller municipal de sa commune, en a parlé au maire, au médecin et aux infirmières. Un premier contact a été pris avec l'URML, qui avait déjà guidé une première expérience dans le département.
Les infirmières se sont montré motivées et le médecin de la commune a participé aux réunions préparatoires, tout en anticipant son départ à la retraite, en septembre 2020. Deux ans plus tôt que prévu. Mais ce départ a aussi précipité le projet. Remilly regroupe trois communes, pour 1 100 habitants, et attire environ 3 000 personnes. La commune n'est pas sous-dotée médicalement, juste en passe de le devenir.
« Le médecin est parti. Puis est venu le Covid, rappelle le confrère. Ce médecin finissait tard le midi, ses malades aigus venaient à la pharmacie, qui restait ouverte. Ces patients, je les ai perdus. J'ai heureusement conservé les pathologies chroniques et les renouvellements, mais depuis cinq mois des patients sont partis vers d'autres centres médicaux. » Et d'autres pharmacies.
Motivation des professionnels et des élus
En juin 2020, le projet de télémédecine a été relancé, et des réunions se sont fixées de convaincre l'URML. « Je pense qu'ils ont apprécié la motivation des professionnels, celle des élus, et le fait qu'on travaille ensemble », relève Christophe Hameau. Aujourd'hui le projet est sur les rails. La commune a rénové l'ancienne école qui accueillera un cabinet pour les infirmières, le local pour la télémédecine, ainsi qu'un cabinet pour un futur médecin. Tout doit ouvrir au début de l'été. Le budget n'est pas encore bouclé, mais la commune, l'agglomération, l'agence régionale de santé (ARS) et la caisse primaire (CPAM) doivent y participer.
Le cabinet de télémédecine, « communal » insiste le pharmacien, concernera les maladies non programmées, les pathologies aiguës. Le patient téléphonera de chez lui à une plateforme, à Caen, qui vérifiera son éligibilité, et donnera rendez-vous sous 48 heures. « Le but, c'est d'aller vite. »
L'originalité de cette télémédecine est l'implication du syndicat des médecins libéraux. Celui-ci la brandit d'ailleurs en étendard sur son site. « Nous cherchons à être sûrs du médecin qu'on aura en face, précise Christophe Hameau, et l'URML met en relation des médecins du département, des médecins installés. Elle nous garantit l'offre médicale. » Il n'est pas facile, estime ce confrère, de trouver des médecins pour travailler en télémédecine, les jeunes n'ont pas appris à le faire. Recruter n'est pas aisé, d'où l'importance de l'URML.
« La télémédecine ne remplace pas tout, poursuit le confrère, mais elle est utile dans certaines situations. Les médecins femmes, par exemple, peuvent être intéressées par rester davantage chez elles. Mais si nous avons prévu un cabinet pour un médecin, c'est parce que nous voulons être porteurs d'un dynamisme pour attirer un libéral. »