La guerre que se livrent l’Homme et le moustique est loin d’être terminée. Elle vient même d’entrer dans une nouvelle dimension… Dans ce combat sans fin, les armes sont déjà légion. On a vu l’ère (non achevée) des répulsifs à diffuser sur le corps, celle des bracelets antimoustiques, des moustiquaires imprégnées, des diffuseurs électriques, des émetteurs d’ultrasons, des raquettes et grillages électrifiées et même l’utilisation de certaines musiques (le morceau « Scary Monsters and Nice Sprites », du DJ Skrillex) capables, selon une étude, de repousser les assauts de l’anophèle. Et la liste n’est pas complète. Parfois, au-delà du confort des touristes, la lutte antivectorielle vise des objectifs plus essentiels. Tel l’obsédante problématique de la transmission du paludisme. Les moyens se font alors plus sophistiqués. L’introduction de moustiques mâles stériles dans une région infestée, permet par exemple une gestion quasi malthusienne des populations de piqueurs. Mais une nouvelle méthode, elle aussi, très indirecte, pourrait venir renforcer l’arsenal antipaludique.
L’étude publiée le 27 mars dans la revue Science Translational Medicine, rapporte ainsi qu'un médicament connu sous le nom de nitisinone peut rendre le sang humain si toxique pour les moustiques qu'ils meurent quelques heures après avoir piqué des personnes ayant reçu des doses même relativement faibles. Le principe actif – initialement utilisé contre l'alcaptonurie, une maladie métabolique génétique rare de la voie de dégradation de la tyrosine -, resterait même efficace jusqu'à 16 jours après la première prise. L’idée d’un insecticide administré à l’hôte n’est pas nouvelle, puisque l’ivermectine produirait à peu près les mêmes effets. Mais l’effet de la nitisinone perdure plus longtemps dans l’organisme et la molécule présente l’avantage d’être moins néfaste à l’environnement. Enfin, autre atout de cet antimoustique en devenir, son usage comme insecticide pourrait faire baisser le prix de la nitisinone pour les patients atteints d'alcaptonurie. Anti-pique, écologique, économique, qui dit mieux ?