Le suivi des salariés travaillant en « horaires atypiques » (travail de nuit ou posté, par exemple en 3/8) montre qu’ils présentent non seulement des troubles du sommeil, associés à une somnolence diurne et une baisse de vigilance, et des troubles psychiques (anxiété, dépression), mais aussi qu’ils ont davantage de risques de développer des pathologies. La désynchronisation de l’horloge biologique retentit sur le métabolisme et favorise ainsi surpoids, obésité et diabète de type 2. Elle influe aussi sur le système cardiovasculaire et accroît le risque d’hypertension artérielle, de dyslipidémie, d’infarctus du myocarde et d’AVC. À noter, les résultats d’une étude américaine, parue en 2022 dans la revue PNAS, suggèrent une stratégie pour minimiser la vulnérabilité des travailleurs en horaires décalés. La modification de l’horaire de leurs repas (avec une légère collation la nuit) permet, en effet, de réduire les symptômes anxieux ou dépressifs. À suivre.
De plus, cette désynchronisation a un impact sur le système immunitaire, d’où un surrisque de certains cancers, en particulier du sein. Dès 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classait le travail de nuit comme facteur « probablement cancérigène ». L’année suivante, l’étude Inserm CECILE, menée sur 2 500 femmes, concluait que les femmes ayant, à un moment de leur carrière, travaillé de nuit avaient un risque de cancer du sein de 30 % plus élevé. Un chiffre confirmé en 2018 par la compilation d’études menées indépendamment en Australie, au Canada, en Allemagne, en Espagne et en France : les femmes non ménopausées travaillant de nuit (au moins 3 heures entre minuit et 5 heures du matin) augmentent leur risque de développer un cancer du sein de 26 % et ce risque croît avec la fréquence des nuits travaillées et la durée de l’emploi. De là à faire reconnaître ce cancer comme maladie professionnelle, ce que réclament les infirmières de Cyclosein et l’association Les hôtesses de l’air contre le cancer…