Les tilleuls sont de grands arbres européens atteignant les 20 à 30 m de hauteur. Trois espèces sont médicinales : le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata Miller), le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos Scop.) et leur hybride (Tilia x intermedia). Le tilleul argenté (Tilia tomentosa Moench) n'est pas accepté comme plante médicinale.
On n'utilisera pas les espèces de Chine : T. Chinensis, endémique, ou le tilleul de Henry (T. henryana).
L'examen de leurs feuilles dentées en forme de cœur à la base permet de les différencier : la face inférieure est glabre chez le tilleul à petites feuilles, velue chez le tilleul à grandes feuilles et couvertes d'un tomentum blanc chez le tilleul argenté. Les petites fleurs jaunes très odorantes portées par un pédoncule soudé à une longue bractée verdâtre sont au nombre 5 et 10 pour le tilleul à petites feuilles et de 2 à 5 chez le tilleul à grandes feuilles. Le fruit est une capsule.
Le tilleul de Carpentras est cultivé dans les Préalpes
La récolte des inflorescences ne menace pas l'espèce d'appauvrissement du biotope. T. platyphyllos, aussi appelé tilleul de Carpentras, est cultivé dans les Préalpes.
Le tilleul argenté est inscrit à la Pharmacopée française pour la préparation de médicaments homéopathiques.
Ce sont également des plantes mellifères appréciées, mais le tilleul argenté serait toxique pour les bourdons et les abeilles et certaines régions européennes interdisent sa plantation.
Les premiers usages rapportés remontent au XVIIe siècle, la médecine populaire conseillait des infusions de fleurs contre la toux, la nervosité et les maux de reins. Au XIXe siècle, Cazin l'indique comme remède contre l'hystérie par voie orale ou en bain. L'infusion des inflorescences et la décoction de l'aubier étaient prises par voie orale pour soulager les affections chroniques digestives et en cataplasme pour calmer les irritations cutanées.
Deux parties de la plante sont médicinales : les inflorescences avec leurs bractées récoltées à maturité, puis séchées à l'ombre et l'aubier débarrassé du suber, c'est le jeune bois clair vivant de l'année à la périphérie du tronc, récolté sur des arbres d'une quinzaine d'années.
Hétérosides flavoniques, mucilages et tanins
Les fleurs et les bractées sont riches en hétérosides flavoniques (hétérosides du quercétol et du kaempférol dont le tiliroside), en mucilages et en tanins ; l’huile essentielle au parfum suave et délicat s’y trouve en faible quantité contenant du farnésol, du géraniol et du linalol.
L’aubier renferme des polyphénols, des acides phénols, du phloroglucinol, des hétérosides coumariniques (esculoside et fraxoside) et de la vanilline.
Des extraits aqueux de fleurs ont montré un effet anxiolytique dans six tests chez la souris et potentialisateur du sommeil après administration d'un barbiturique. Certaines substances ont une affinité pour le site récepteur aux benzodiazépines et activent l'action sédative du système gabaergique. L'huile essentielle inhalée par la souris réduit sa motilité mais vu la faible teneur intervient en complément d'autres substances. Les extraits montrent également une activité antispasmodique sur la trachée (liée aux alcaloïdes récemment décrits), antioxydante et antimicrobienne. Une action anticonvulsivante d'un extrait de fleur a été montrée chez la souris recevant du pentétrazole.
Les extraits d'aubier ont une action antispasmodique au niveau intestinal et vésiculaire ; ils régulent également la sécrétion biliaire au niveau du foie.
Le tilleul est déconseillé chez l'enfant de moins de quatre ans.
Au Mexique, Tilia americana L. var mexicana est traditionnellement utilisé contre l'anxiété. Des travaux récents confirment l'effet anxiolytique et potentialisateur du sommeil avec des extraits méthanoliques de fleurs et de feuilles dans lesquels les flavonoïdes seraient en partie impliqués.
Du bon usage de l’aromathérapie (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 236 p. Se soigner avec l’aromathérapie (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 112 p. www.ethnopharmacologia.org