Dans la salle Pasteur, Julien met au propre ses commentaires, suite au premier entretien qu'il vient de réaliser avec Mme Werner, dans le cadre de son bilan partagé de médication. Il a relevé un défaut d'observance à corriger ; Mme Werner lui a également confié utiliser des compléments alimentaires à base de séné, en plus du traitement laxatif prescrit.
Damien frappe à la porte entrouverte, et entre dans la pièce :
- Julien ?
Julien regarde le préparateur et commence à lui raconter :
- Tu savais, toi, que Mme Werner achète des compléments alimentaires laxatifs chez Leclerc ? Elle vient de me l'apprendre. C'est quand même bien de faire ces bilans parce que ce genre de détails nous échappe au comptoir ! Comme elle trouve que le macrogol n'est pas suffisant et qu'en plus ça finit par l'écœurer, elle prend du séné et autres plantes. En gros, elle se fait un petit cocktail à sa façon, mais je ne suis pas sûr que cela arrange ses intestins…
Sacrée Mme Werner. Je pensais qu'elle était plus "Intermarché" que "Leclerc" !, plaisante Damien. Dis-moi, ça fait trois clients depuis ce matin qui nous demandent de les tester. Ils sont tous persuadés qu'on peut faire les tests rapides antigéniques.
- Il faut qu'on ait tous le même discours. J'en ai touché deux mots ce matin avec Karine et J-C. Dès qu'ils arrivent, on en rediscute. Le problème, c'est que pour le moment, nous n'avons reçu ni les tests, ni les écouvillons. Et de toute façon, pas question que je mette ce truc dans le nez d'un client sans être formé.
- Autre chose : qu'est-ce qu'on dit à ceux qui nous demandent le vaccin contre la grippe ? On ne peut pas déjà facturer…
- La campagne commence le 13. Et puis, l'Ordre nous a demandé de délivrer en priorité aux patients cibles. Ceux qui ont un bon.
- Sauf qu'hier, J-C a délivré des vaccins, sans prescription, à des clients qu'il connaît bien par ailleurs. Et ils ne sont pas plus à risque que toi ou moi.
- Ça c'est toujours pénible quand le titulaire fait d'une façon et que nous faisons d'une autre. Il faut qu'on fasse le point ensemble, mais je pense sincèrement que les personnes véritablement à risque doivent être prioritaires pour le vaccin, explique Julien tout en rangeant le BPM de Mme Werner dans un dossier. Et…
Des éclats de voix se font entendre dans la pharmacie. Les deux garçons tournent la tête et sortent précipitamment de la salle Pasteur. Une femme et son mari demandent à voir un pharmacien. Voyant Julien, Christèle pousse un soupir de soulagement.
- Que se passe-t-il ? Bonjour, je suis le docteur Frémoi, pharmacien.
- Il se passe que votre collègue ne veut pas nous tester.
- Ce n'est pas qu'elle ne veut pas, c'est qu'elle ne peut pas. Du moins, le seul test que nous pouvons vous proposer aujourd'hui, c'est le test sérologique qui nous permet uniquement…
- Quel blabla. Alors pourquoi toutes les radios et télés disent qu'on peut se faire tester en pharmacie ?, rétorque la femme énervée.
- Parce qu'il y a un délai entre les déclarations du ministre et la réalité du terrain. Pour les tests antigéniques, on attend la validation officielle et surtout, on attend de recevoir le matériel.
(À suivre…)