Le Quotidien du pharmacien.- La prescription de médicaments par des professionnels de santé autres que les médecins se déploie. Jusqu'où peut-on aller dans cette démarche ?
Stéphanie RIST.- Dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2023, nous avons élargi le pouvoir de prescription des pharmaciens, des infirmiers et des sages-femmes concernant la vaccination. Les textes parus au « Journal officiel » le 8 août dernier viennent reconnaître la compétence clinique de ces professionnels. En outre, la loi que j’ai portée concernant l’amélioration de l'accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé permet à certaines professions, lorsqu’elles exercent en coopération, de pouvoir agir plus largement pour répondre aux besoins en santé de nos concitoyens en leur garantissant une sécurité de prise en charge.
Nous devons aller plus loin sur la question de la prise en charge par des professionnels de santé qui ne sont pas médecins. Plus loin ne veut pas dire sans s’assurer de la qualité. Je fais partie de ceux qui pensent que, dès lors qu’un professionnel de santé a un diplôme qui atteste de ses compétences, nous devons lui faire confiance. La coordination et la formation sont à mon sens des garanties fondamentales.
Comment simplifier les protocoles de dispensation et la prescription associée ?
Nous devons simplifier, mais surtout limiter les freins administratifs. Récemment, la Première ministre a annoncé que nous irons ainsi plus loin en permettant aux pharmaciens de prescrire directement les antibiotiques nécessaires dans le cadre de pathologies qui le nécessitent, après réalisation d’un TROD ; c’est une excellente chose. Nous aurons l’occasion d’en débattre lors de la prochaine LFSS pour 2024 dont je suis rapporteure générale.
L’élargissement de la prescription à d’autres professionnels de santé ne risque-t-il pas de déstabiliser les dépenses de santé ?
C’est là tout l’enjeu. L’heure n’est plus au « dépenser sans compter » ; chaque euro compte. Chaque élargissement de la capacité de prise en charge d’un professionnel de santé s’accompagne d’une dépense pour l’assurance-maladie. Nous devons veiller à ce que ces dépenses ne dérapent pas. La lutte contre la fraude fait partie intégrante du plan d’action du gouvernement auquel notre majorité adhère : deux tiers des fraudes constatées par l’assurance maladie sont réalisées par des professionnels de santé. Même s’il ne faut pas mettre tous les professionnels de santé dans le même panier, nous devons pour autant être vigilants : il est question du budget de la Sécurité sociale, et donc de l’argent de tous les Français, mais surtout, il s’agit de sécurité de prise en charge. Pour autant, je fais confiance aux pharmaciens, qui, partout sur le territoire, prendront avec sérieux ce dispositif s’il est élargi.