Le Quotidien du pharmacien. – Quels sont les prérequis pour assurer un encadrement efficace du sevrage ?
Stéphane Robinet. - Il est nécessaire que la personne candidate au sevrage soit consciente de la nocivité du tabagisme : le danger provient des produits de la combustion que le fumeur inhale. La nicotine, pour sa part, n'est pas mauvaise pour la santé et si elle provoque l'addiction, elle peut également servir à se sevrer par le biais des substituts. Une démarche qui sera favorisée par l'association des différentes formes que peut prendre la substitution, voie orale, transdermique et même voie inhalée avec la vape.
Quels gestes doit-on respecter pour un bon usage des substituts ?
La nicotine est mal supportée si elle est ingérée. C’est pourquoi elle est délivrée par voie transmuqueuse ou transdermique. Les gommes doivent donc rester longtemps en contact avec la joue ou la gencive (en passant d’un côté à l’autre de la bouche) comme les pastilles qui peuvent aussi être placées sous la langue. Il ne faut pas les avaler. Le patch, quant à lui, peut être laissé au même endroit sur la peau, sauf s’il provoque une sensibilité (souvent à cause de la colle du dispositif). Il a l’avantage de permettre une libération lente de la nicotine et d’éviter le pic que produit l’introduction brutale dans l’organisme, ce qui entretient l’addiction. La délivrance en continu permet d’occuper les récepteurs de la nicotine ce qui bloque l’envie. Stabiliser l’envie et calmer les pics, c’est l’idée de la substitution.
Quels conseils et encadrement peuvent être utiles au fumeur en sevrage ?
L’intérêt pour le patient est qu’il vive bien cette période et qu’il arrive à arrêter de fumer. Il doit pouvoir se confier sur ses difficultés, ses envies. Le pharmacien l’écoutera et le soutiendra. Des solutions simples peuvent être conseillées pour occuper la gestuelle en évitant de prendre du poids (grignoter un légume cru, une pomme, boire un verre d’eau). Le recours à la vape ne doit pas être écarté mais encouragé si ce mode de consommation attire le patient. Face aux problèmes de prise de poids, d’anxiété, de troubles du sommeil, le pharmacien peut conseiller des produits de phytothérapie, d’homéopathie selon ses connaissances. Si les situations sont plus complexes, il ne doit pas hésiter à orienter son patient vers une consultation ou un centre spécialisé.