C’était un grand homme. Par la taille, et par l’œuvre. Roland Mehl nous a quittés. Dans sa 102e année. Ce pharmacien hors pair avait tout connu. Et tout le monde le connaissait… ou presque.
Après de longues années au comptoir d’une officine, c’est au journalisme médical que le pharmacien s’attaque. Et lui vient une idée, celle de créer un prix visant à mettre en valeur l’innovation en matière de médicament. « Il existait un prix Nobel de physique et un de chimie, deux sciences complémentaires mais individualisées. En revanche, la recherche en pharmacie était intégrée dans le prix Nobel de médecine. J’ai alors réfléchi sur la manière dont il était possible de mettre en valeur l’innovation en matière de médicament. J’ai proposé une réflexion au directeur d’un des journaux auquel je collaborais, Pharmacie mondiale » expliquait-il au « Quotidien », il y a dix ans, justifiant ainsi la genèse du prix Galien qu’il crée en 1970. Mettre au point un règlement strict, réunir un jury incontestable, s’assurer d’une absence totale de conflit d’intérêts, établir une procédure de vote très codifiée… La tâche est ardue, mais Roland Mehl est de ceux qui ne lâchent rien. Son « Galien » rayonne encore aujourd’hui. Y compris au plan international.
Ceux qui l’ont connu se rappelleront ce grand promoteur de la pharmacie qui aimait par-dessus tout communiquer sur le médicament et le monde pharmaceutique. Avec cet objectif, Roland Mehl a longtemps signé dans les colonnes du « Quotidien du pharmacien » et certains lecteurs se souviendront sans doute des « Revues de presse internationales » rédigées par ce polyglotte averti.
Sur un plan plus personnel, je n’oublierais pas sa générosité de cœur et son sens de l’humour. Je n’oublierais pas surtout qu’il a été le premier à venir vers moi pour me rassurer lorsqu’en 1995 le jeune pharmacien que j’étais faisait ses premiers pas de journaliste à la rédaction du « Quotidien du pharmacien ». Ce jour-là, il me faisait promettre une chose : « Ne jamais trahir mon diplôme, ni par la plume, ni par l’esprit. » Depuis, pour ce pair aux allures de père, je m’efforce chaque jour de respecter cet autre serment de Galien.