L’utilisation des produits solaires reste très insuffisante. Selon une enquête réalisée en partenariat avec OpinionWay, 20 % des personnes interrogées n’appliquent de la crème solaire qu’une seule fois par jour lors d’une exposition au soleil de plusieurs heures et 19 % s’en passent totalement.
Pourtant, 89 % des personnes interrogées jugent les produits solaires efficaces. Cette attitude paradoxale pourrait s’expliquer par une défiance face aux supposés risques de toxicité du produit (76 %) et une réticence quant à l’impact supposé sur l’environnement pour 83 % des sondés.
Face à ces chiffres, on ne rappellera jamais assez les risques liés à l’exposition solaire, sans protection. « On dénombre plus de 100 000 nouveaux cas de cancers cutanés chaque année en France, dont plus de 11 000 nouveaux cas de mélanomes », souligne le Dr Henry Pawin (dermatologue, Paris).
L’indice de protection SPF correspond à un facteur de multiplication du temps qui serait nécessaire pour que survienne un coup de soleil sans protection. « Cela est très théorique, car en réalité nous sommes bien loin d’appliquer 2 mg de produit par cm ² de peau ! Sans oublier qu’aucune protection n’arrête totalement les rayons du soleil : on ne doit plus parler d’écran total. Ainsi, il est conseillé pour tous d’appliquer un produit solaire SPF 50 + avec lequel on bronze quand même. L’appliquer le matin avant de sortir et à l’heure du déjeuner. Dire de l’appliquer toutes les deux heures est illusoire… », précise le dermatologue.
La sécurité des filtres solaires régulièrement réévaluée
Les produits de protection solaire, comme tous les produits cosmétiques, sont soumis à une réglementation très stricte dont l’application est étroitement contrôlée par les autorités sanitaires européennes comme françaises.
Les filtres UV, font en outre, l’objet d’un encadrement spécifique supplémentaire par le Comité scientifique de la sécurité du consommateur (CSSC), organisme indépendant auprès de la Commission européenne. Actuellement, 30 filtres organiques, dont un nouveau ajouté en novembre 2022 (bis-diethylaminohydroxybenzoyl pipérazine) et 4 filtres minéraux (dioxyde de titane, oxyde de zinc et leurs deux formes nanométriques) sont autorisés.
Pourtant, certains filtres ont été accusés d’être cancérogènes. Le dioxyde de titane, par exemple, est cancérogène de catégorie 2, mais par inhalation… Il est donc sûr en cosmétique jusqu’à 25 %. De même pour la benzophénone, il n’existe pas de potentiel cancérogène par voie cutanée. L’octocrylène, réévalué en 2020, est autorisé jusqu’à 10 % dans les produits de protection solaire.
Un impact sur les coraux non démontré
Quant à l’impact des filtres UV sur l’environnement, de nombreuses études ont été faites sans pouvoir imputer directement le blanchiment des coraux aux produits de protection solaire. Les résultats sont disparates et non comparables (grande variabilité des méthodologies, tests portant sur différents types de coraux…) De plus, la concentration des filtres solaires dans l’eau est en tout état de cause extrêmement faible, d’autant que les produits sont formulés pour être résistants à l’eau. « Une seule certitude, le blanchiment du corail est causé majoritairement par le réchauffement climatique. L’industrie cosmétique est mobilisée sur ce sujet et développe des partenariats avec des centres de recherche scientifique afin d’obtenir de nouvelles méthodes d’évaluation d’écotoxicité et de mettre en place des actions solidaires », indique Valérie Colin (directrice des affaires scientifiques et réglementaires de la FEBEA).
D'après une conférence de presse de la Fédération des entreprises de la beauté.