Comme bien des histoires, la saga Sandoz trouve ses prémices dans une rencontre. Mais ici, on parlera plutôt de fusion tant les deux parties impliquées se ressemblent. L'une d'elles est une usine chimique implantée à Bâle, en Suisse, qui se consacre à la production de colorants dès la toute fin de XIXe siècle. Connue sous le nom de Kern&Sandoz, elle rejoindra l'industrie pharmaceutique sous celui de Sandoz pour se consacrer, aux débuts de la seconde guerre mondiale, à la production d'antipyrine, une molécule antipyrétique. L'autre entreprise, dénommée Biochemie, est fondée en 1946, dans l'Autriche d'après-guerre, pour répondre aux besoins en pénicilline, un médicament rare au sortir du conflit et dont les besoins se sont faits criants. Confrontés à l'amplitude de la demande, deux des chercheurs du laboratoire, spécialistes de l'antibiotique, vont faire une découverte majeure. En 1951, ils développent une forme de pénicilline résistante à l'acide gastrique et pouvant être ainsi administrée par voie orale. Une étape importante est alors franchie par l'entreprise qui voit sa production de principe actif monter en flèche. Mais le tournant décisif ne s'est pas encore produit pour Biochemie. Il aura lieu en 1963, lorsque le laboratoire intègre Sandoz qui en a fait l'acquisition.
Pionnier des biosimilaires
La fusion entre les deux entités va marquer le début d'une production à grande échelle d'antibiotiques et de médicaments issus de la biotechnologie. Une activité menée indéfectiblement sous la bannière du générique et, à partir de 2003, entièrement dévolue à Sandoz qui est devenu une structure du groupe Novartis en 1996. Pour Sandoz, le choix du générique relève de la vocation, celle de rendre les médicaments accessibles au plus grand nombre. Quoi de plus logique, dès lors, que de vouloir développer des molécules duplicables - issues de la chimie comme du vivant - et les rendre disponibles à coût maîtrisé ? Ces médicaments « reproductibles » permettent en outre d'élargir le nombre d'alternatives thérapeutiques disponibles à l'intention des patients.
Une mission que le laboratoire va remplir au-delà de toute espérance. En six décennies, il devient leader du marché des génériques et des biosimilaires en Europe et se hisse à la 3e place des génériqueurs français. Son portefeuille de 700 médicaments génériques couvrant les principaux domaines thérapeutiques - cardiologie, oncologie, ophtalmologie, endocrinologie, immunologie, pneumologie, antibiotiques - ne l'empêche pas de multiplier les innovations sur le territoire où il a réalisé quelque 40 lancements de 2021 à 2023.
Mais c'est dans le champ des biosimilaires que l'esprit pionnier du laboratoire s'est particulièrement illustré. Ainsi orchestre-t-il en avril 2006 le premier lancement de la catégorie avec l'hormone de croissance Omnitrope (Somatropine). Dans le domaine des biosimilaires, le raisonnement est le même qu'en matière de génériques : apporter un bénéfice clinique identique à celui du biomédicament de référence dans le traitement de pathologies sévères tout en générant des économies importantes pour le système de santé.
Croissance programmée
Avec 8 médicaments biosimilaires à son actif, Sandoz dispose aujourd'hui du portefeuille le plus large en ville et à l’hôpital, couvrant les domaines de l’endocrinologie, l’oncologie et l’immunologie, commercialisé dans une centaine de pays. Mais les ambitions du laboratoire ne s'arrêtent pas là. Le premier génériqueur européen projette en effet « d'élargir considérablement » son offre en la matière. Au programme des lancements ces dix prochaines années, 24 nouveaux médicaments biosimilaires sont prévus pour répondre, notamment dans les domaines de l'immunologie et de l'oncologie, à des pathologies sévères. Une perspective que le laboratoire entend concrétiser grâce au travail de ses équipes de recherche mais aussi à l'aide de partenariats audacieux. En témoigne celui qu'il a récemment noué avec le développeur de technologies disruptives Just-Evotec qui met l’intelligence artificielle au service du développement et de la fabrication des médicaments. À l'intention des pharmaciens, cette fois, le laboratoire a élaboré un dispositif complet de sensibilisation sur les biosimilaires dans l'objectif de renforcer et développer leurs connaissances sur ces médicaments particuliers. Spécialement conç̧u pour les officinaux, le programme B.coach dispense ses contenus ludiques et experts (websérie de 9 vidéos thématiques, podcasts, fiches téléchargeables…) par le biais d'une plateforme digitale évolutive.
Nouvelle orientation : les dispositifs médicaux
Les aspirations de Sandoz, cependant, ne se bornent pas au champ des biosimilaires. Côté génériques, le laboratoire a initié 500 projets répartis dans le monde entier avec pour objectif de maintenir son leadership dans les domaines des antibiotiques et de l’oncologie tout en renforçant son action dans des aires thérapeutiques tels que la cardiologie, la diabétologie ou la neurologie. Plus récemment, il a investi le segment des dispositifs médicaux complexes en faisant l’acquisition de l’entreprise britannique Coalesce spécialisée dans la production de dispositifs respiratoires. Une nouvelle orientation qui devrait permettre au laboratoire de développer son activité dans un domaine « où les besoins médicaux encore non satisfaits sont relativement élevés, en grande partie à cause de leur complexité technique ». L'asthme, par exemple, a touché 262 millions de personnes dans le monde en 2019, une affection qui, aux côtés des autres maladies respiratoires, pèse lourdement sur les systèmes de santé. « Un coût estimé à plus de 380 milliards de dollars par an pour les 27 pays de l’Union européenne et le Royaume-Uni », précise le laboratoire qui considère la sphère respiratoire comme l’un des axes d'activité majeurs pour l'avenir.