Après avoir souhaité, au début de cette année, un report de 6 mois de l’introduction de l’ordonnance électronique, l’association des médecins conventionnés allemands (KBV) estime désormais que celle-ci ne pourra pas entrer en vigueur avant le 1er janvier 2023. En clair, moins des trois quarts des médecins libéraux disposent des équipements permettant sa mise place, sans même parler de la compatibilité de ces derniers avec leurs autres systèmes informatiques… et de leur propre formation dans ce domaine.
Pendant que la KBV explique qu’un lancement en 2022 se traduirait par une pagaille préjudiciable aux médecins comme aux patients, les pharmaciens, eux, sont tous prêts, équipés et formés depuis fin 2020, malgré quelques retards liés à la pandémie.
Les pharmacies en ligne en embuscade
Ils se montrent d’autant plus irrités par ce nouveau délai que, depuis plusieurs années, les pharmacies virtuelles les accusent de tout faire pour retarder l’introduction de la mesure, qui risque en effet d’avantager les pharmacies en ligne par rapport aux pharmacies de proximité. Quelques grandes pharmacies virtuelles ont d’ailleurs passé des accords avec… des syndicats médicaux pour « expérimenter » l’ordonnance électronique avec leurs adhérents, accords dont certains ont été déclarés illégaux, suite à des plaintes de pharmaciens, car ils risquaient de déboucher sur des contrats d’exclusivité. Il n’en reste pas moins que le retard lié aux médecins fait désordre, et montre que les pharmaciens, même s’ils ne sont pas les plus enthousiastes face aux ordonnances électroniques ont, eux, tenu leurs engagements.
Mais au-delà de ces péripéties, constataient quelques commentaires dans les médias professionnels, ce parcours un peu chaotique pose aussi la question des compétences numériques des uns et des autres. Alors que les deux professions sont loin de partager une lune de miel, l’affaire montre peut-être que l’ambition affichée des pharmaciens d’être « les pivots de la santé numérique au service des patients » est plus réaliste que celle des médecins qui, eux aussi, rêveraient d’accompagner les patients dans la numérisation progressive du système de santé…