Fluctuat nec mergitur. L’année 2024 fut douloureuse pour un grand nombre de pharmacies, au premier rang desquelles les officines qui ont enduré une catastrophe naturelle.
En novembre 2023, la tempête Ciaran frappait le nord de la France hexagonale. Des pluies diluviennes s’abattaient sur les départements français septentrionaux. À Boulogne-sur-Mer, en deux mois, il tombait 501 mm, soit l’équivalent de 60 % des pluies d’une année. Les fleuves côtiers l’Aa, la Lys, la Liane et la Canche étaient tous en crue. Mercredi 13 décembre, la presse annonçait 348 communes en état de catastrophes naturelles.
Waders et batardeaux
Au début du mois de janvier 2024, rebelote. Une seconde vague d’inondations submergeait le Pas-de-Calais. L’Aa et la Canche sortaient à nouveau de leur lit. À Saint-Étienne-au-Mont, Christophe Yvart et son équipe, malgré la redondance des événements, faisaient front. Chaussés de waders – des pantalons-bottes montant à la poitrine - ou à bord de barques poussés par des employés de la commune, l’équipe au maximum de ses forces maintenait ses missions de dispensation de médicaments. Les grossistes n’étaient pas épargnés non plus. Vincent Vandenabeelle, directeur de la CERP à Boulogne-sur-Mer témoignait de trois pharmacies sinistrées à Neuville, Saint-Etienne-au-Mont, et Blendecques ainsi que leur dépôt de Saint-Léonard, resté inondé durant un mois. À quelques kilomètres de là, la pharmacie Saint-Hubert, à Neuville-sous-Montreuil, surmontait les mêmes intempéries. Inondée durant 3 semaines en novembre 2023, l’eau envahissait de nouveau l’officine en janvier 2024. Mais cette fois-ci, en pire. Insubmersibles, les cotitulaires retroussaient leurs manches et s’équipaient de 12 modules préfabriqués de la société Algeco. Ainsi, l’équipe disposait de nouveau d’un local. Ce dernier, situé à 70 cm au-dessus du trottoir, leur offrait un espace de vente de 90 m2 et une surface identique au second étage pour le stock, le préparatoire et les commodités. Novembre, janvier… et février. Les crues passent et se ressemblent. La pharmacie Saint-Hubert se retrouvait à nouveau inondée à la fin du mois de février 2024. Le groupement Évolupharm leur prêtait main-forte, proposant un accueil des patients, de la livraison à domicile et une solution de stockage du matériel de l’officine épargné par les eaux. À l’automne, au mois d’octobre, c’était au tour de la Seine-et-Marne d’être sinistrée. Dans la pharmacie du Moulin, à Pommeuse, il y avait plus de 60 cm d’eau dans l’officine. La crue atteignait les 3,75 mètres. Si l’équipe avait pu déplacer et stocker les médicaments en lieu sûr, ce n’était pas le cas du matériel informatique. Opiniâtre, la cotitulaire Anne-Sophie Rousseau, ne désespérait pas et prévoyait d’investir dans des batardeaux, sortes de barrages provisoires destinés à la retenue d’eau, pour aborder la prochaine crue plus calmement.