Le Quotidien du pharmacien. – Dans quel contexte peut-on conseiller les produits à base de CBD ?
René Maarek. – Ces produits répondent moins à des indications précises qu’à une prise en charge personnalisée. Ils permettent de rééquilibrer globalement notre système endocannabinoïde, une structure du corps qui apparaît très tôt au cours de la gestation et qui fabrique des substances proches des phytocannabinoïdes fournis par le chanvre. Les endocannabinoïdes se fixent sur les récepteurs du système endocannabinoïde – présents dans presque tous les organes – et interviennent dans différents processus, appétit, équilibre, immunité, formation des os, du cerveau… S’ils ne sont pas produits en quantité suffisante, il se crée un déséquilibre des fonctions physiologiques qui peut se traduire par des troubles du sommeil, de l’anxiété, des problèmes inflammatoires… On utilise alors les phytocannabinoïdes pour remplacer les endocannabinoïdes présents en quantité insuffisante afin de rétablir les fonctions du corps. Ce que l’on propose au patient c’est une prise en charge globale sous la forme d’une cure que l’on va ajuster en fonction des effets qu’il va ressentir.
Quels dosages appliquer ?
L’idée est de démarrer la prise en charge par un dosage minimal que l’on augmentera si besoin est. Le patient doit percevoir une réponse de son système endocannabinoïde, ce qui permettra d’ajuster la cure. On peut débuter par un dosage de 0,75 mg/kg de cannabidiol (CBD), ce qui équivaut à 45 mg par jour pour une personne pesant 60 kg sachant que les marques précisent le ratio gouttes/mg de principe actif. La dose journalière est à diviser en trois prises espacées. Au bout d’une quinzaine de jours, le patient doit revenir à l’officine pour témoigner des effets ressentis. Si les troubles se poursuivent, on augmente la dose toutes les semaines jusqu’à ce qu’ils diminuent ou disparaissent. Avec ce type de cure, on est très loin d’une prise en charge conventionnelle car il faut accompagner le patient dans le temps, individuellement.
Quels effets secondaires ou de surdosage peuvent avoir ces produits ?
Des effets secondaires, somnolence ou de perte d’équilibre, peuvent se manifester à partir de 300 mg à 400 mg par jour. Mais, contrairement aux opioïdes, il n’y a pas de risque d’overdose avec les phytocannabinoïdes, leurs récepteurs ne contrôlant pas la respiration et relarguant les substances au bout de 8 heures Les produits à base de CBD, en revanche, sont contre-indiqués aux moins de 12 ans, en cas de grossesse ou allaitement, antécédents psychiatriques, insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave.
* Addictologue, président UPRP-USPO d’Île-de-France.