Depuis l’arrivée des vaccins anti-Covid, des travaux publiés par des équipes américaines, espagnoles et anglaises ont recensé des effets indésirables dermatologiques dans les jours suivant leur administration.
« Il paraissait important de caractériser ces signes cutanés et de mieux comprendre leurs mécanismes physiopathologiques, reconnaît le Dr Brigitte Milpied, dermatologue au CHU de Bordeaux. Les résultats préliminaires de l’étude française Covacskin* rassurent. Comme pour les trois études précédentes, ils rapportent des réactions non graves, spontanément et entièrement résolutives. » En pratique, près de 200 dossiers médicaux détaillant l’aspect clinique des symptômes, leur délai d’apparition, leur évolution, voire des informations histologiques, ont été étudiés.
Les vaccins concernés dans l'étude sont principalement les vaccins ARNm (Pfizer 72 % des cas et Moderna 16 %, contre 11,3 % avec AstraZeneca et un seul avec Janssen). La plupart des symptômes recensés font suite à la première injection (74,5 %) avec un délai moyen d'apparition de 5,6 jours. Ils ne se reproduisent que dans 30 % des cas à la seconde injection dans des formes similaires, le plus souvent d'intensité atténuée, et leur délai d'apparition est plus court. Les réactions généralisées papuleuses et vésiculeuses sont les plus fréquentes (90 %), avec en premier lieu l'urticaire (20 %). Les réactions localisées (25 %) sont le plus souvent érythémateuses et œdémateuses (38 %), certaines sont spécifiques des vaccins ARNm (70 %), elles se manifestent au niveau du bras plusieurs jours après l'injection sous la forme caractéristique d'un placard large de plus de 10 cm, rouge et prurigineux. Appelées « Covid arm », elles retiennent l'attention des dermatologues et nécessitent d'être précisées.
Des réactions non allergiques
D'après les premières données recueillies, tous les symptômes dermatologiques indésirables liés à la vaccination anti-Covid disparaissent spontanément sans séquelle en quelques jours, le délai moyen de guérison étant de 19 jours.
Les dermatologues restent rassurants et concluent au caractère bénin de ces réactions retardées, elles ne contre-indiquent en aucun cas la poursuite de la vaccination, même si leurs mécanismes physiologiques restent méconnus. Plusieurs hypothèses sont avancées. « Les vaccins anti-Covid étant reconnus comme très immunogènes, ils pourraient favoriser la réactivation ou l'exacerbation de pathologies cutanées anciennes ou préexistantes, telles une maladie bulleuse ou un psoriasis ou d’autres types d’hyperréactivité cutanée. En tout cas, il ne s’agit pas de réactions allergiques, affirme la dermatologue bordelaise. D’ailleurs, parmi les 200 cas étudiés, plus de 80 % concernaient des sujets sans antécédent ni d’allergie, ni même d’atopie. »
D'après une conférence de presse de la Société française de dermatologie (SFD).
* Résultats arrêtés au 30 septembre 2021, communiqués par la SFD en amont des Journées dermatologiques de Paris (30 novembre - 4 décembre). Ils concernent 196 sujets (122 femmes et 74 hommes) d'âge moyen 56 ans.