Pierre Gicquiaud vient de réaliser un vœu longuement caressé : il a rouvert la pharmacie de Guilliers (Morbihan), un objectif pour lui depuis plusieurs années.
Pour ce petit bourg de 1 300 habitants, c’est aussi un renouveau. Cette officine qui a déjà brûlé deux fois était mise en liquidation. Joël Lemazurier, le maire, reconnaît avoir craint « de la voir disparaître à tout jamais. Quand une croix verte s’éteint, il n’y a pas de retour en arrière possible ».
Pierre Gicquiaud habite Mauron, à 10 km à l’est de Guilliers. Après sa thèse, il a travaillé comme adjoint à Plélan-le-Grand, une dizaine de kilomètres au sud-est de Mauron, pendant une douzaine d’années, puis comme remplaçant pendant quatre ans dans le même secteur. « Mais je ne voulais plus être adjoint, dit-il, j’étais intéressé par reprendre une petite pharmacie rurale. » Bien avant que les difficultés se succèdent pour la pharmacie de Guilliers, il l’avait déjà repérée. En mars 2019, l’officine brûle pour la seconde fois, bien que se trouvant alors dans un bâtiment neuf, construit en 2004.
La pharmacie, de surcroît, était en redressement, et mise en liquidation judiciaire en juillet 2019. Trois années de négociations vont être nécessaires au futur titulaire pour se mettre d’accord avec le mandataire judiciaire. Pierre Gicquiaud a toutefois bénéficié d’un article du code de la santé publique qui maintient la validité d’une licence de pharmacie dans le cas d’une mise en liquidation.
Pierre Gicquiaud n’est devenu propriétaire du bâtiment qu’en avril 2022, racheté en l’état, et de la licence en septembre suivant. Il lui a fallu ensuite faire restaurer les 120 m2 de l’officine, les remettre à neuf, pour, enfin, ouvrir le 2 janvier 2023. Deux mois de plus auront été nécessaires pour trouver une préparatrice, qui est arrivée en mars.
« Les choses repartent, affirme le nouveau titulaire. Les patients semblent très heureux d’avoir retrouvé une pharmacie de proximité. Auparavant, il leur fallait aller à 12 km. » Pierre Gicquiaud voit aussi autour de lui un bourg vivant. On y trouve les commerces essentiels, deux écoles (une publique, une privée, on est en Bretagne !), un lycée agricole, un restaurant gastronomique. « L’immobilier est très actif », observe le confrère. De nombreux petits bourgs bretons font la même observation, attribuant ce dynamisme autant au Covid qu’à la chaleur excessive dans le sud de la France l’été dernier, qui amène les familles à rechercher des climats plus « tempérés ».
Guilliers compte aussi un médecin généraliste, dynamique, avec qui le pharmacien entretient de bonnes relations, mais qui a déjà 73 ans. « Le remplacer sera le prochain chantier à aborder rapidement, observe Pierre Gicquiaud, mais ce sera facilité par le renouveau de la pharmacie. »