Présidentielle : pour qui votent les pharmaciens ?

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Publié le 07/04/2022
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À la demande du « Quotidien du pharmacien », l'IFOP a mesuré les intentions de vote des officinaux. À trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, ce sondage exclusif montre le score écrasant du candidat sortant auprès de la profession. Emmanuel Macron fait la course en tête, reléguant loin derrière lui ses onze concurrents.

Evénement de la semaine

C'est un score clair et net. Les pharmaciens votent à 58 % pour Emmanuel Macron. « Un résultat hégémonique, analyse Frédéric Dabi, directeur général de l'IFOP qui a réalisé ce sondage en exclusivité pour le « Quotidien du pharmacien ». Il est très rare qu'un candidat dépasse les 50 % dans les intentions de vote. »

En cinq ans, le président de la République a plus que doublé son score auprès des pharmaciens. Il est vrai que le candidat Macron à l'élection présidentielle de 2017 était relativement peu connu et constituait une certaine surprise dans le monde politique. Depuis, son quinquennat a été marqué par deux ans de crise sanitaire et une guerre aux frontières de l'Union européenne. « C'est l'effet drapeau, souligne Frédéric Dabi, la nation se range derrière son chef qui a la charge de gérer la crise. »

Résultat décevant pour Valérie Pécresse

Loin derrière, Valérie Pécresse (LR) obtient 17 % des intentions de vote des pharmaciens, un score décevant pour sa famille politique, même s'il est supérieur à celui réalisé auprès de l'ensemble des Français (autour de 11 %). En 2017, François Fillon obtenait en effet 40 % des intentions de vote des pharmaciens**, qui le plaçaient à 53 % devant Emmanuel Macron au second tour.

Si l'on se penche sur les précédents sondages de l'IFOP pour « le Quotidien », on constate que le candidat Macron prend des voix à la fois à l'électorat des Républicains (les pharmaciens votaient pour Nicolas Sarkozy à 46 % en 2007 et à 39 % en 2012), mais aussi à l'électorat centriste (autour de 30 % en 2017 et en 2012) et à la gauche (qui réalisait 13,5 % des voix des pharmaciens en 2017 et même près de 25 % en 2012). Aujourd'hui, la candidate du PS Anne Hidalgo est à 2 % (un naufrage similaire à son score auprès de l'ensemble des Français) et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon à 1 %. Seul l'écologiste Yannick Jadot tire à peu près son épingle du jeu, avec 9 % des intentions de vote des pharmaciens, au-dessus de la moyenne des Français qui lui accordent seulement 5 %. II atteint même les 12 % auprès des pharmaciens adjoints.

Côté typologie, Valérie Pécresse réalise ses meilleurs scores auprès des grosses pharmacies (41 % des votes pour les titulaires d'officines de plus de 10 salariés). Et au niveau régional, le fait le plus marquant est certainement le chiffre de 70 % des intentions de vote pour Emmanuel Macron enregistré en Île-de-France.

Si on le compare avec celui de l'ensemble des Français, le vote des pharmaciens se caractérise par un certain légitimisme, avec une prime au sortant, une grande modération et une marginalisation des « extrêmes ». Marine Le Pen (Rassemblement national) ne réalise que 2 %, loin des 18 % pour l'ensemble des Français, devancée par Éric Zemmour à 6 % (12,5 pour l'ensemble des Français). Si l'on additionne ces deux votes on arrive donc à 8 %, alors que Marine Le Pen obtenait 11 % des intentions de vote des pharmaciens en 2017.

* Sondage IFOP pour le « Quotidien ». Enquête menée par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de 378 pharmaciens, selon la méthode des quotas (sexe, âge, statut) du 10 au 16 mars 2022.
** Sondage IFOP pour « le Quotidien », mars 2017.

Jacques Gravier

Source : Le Quotidien du Pharmacien