Le téléphone de Julien vibre alors qu’il tend sa carte d’identité à l’aide-soignante.
- C’est un message de Karine. Elle nous souhaite bon courage et nous félicite à nouveau pour notre initiative, dit Julien.
- C’est la première fois que je vais donner mon sang, confie Alice à ses collègues.
Christèle la prend par l’épaule et la serre contre elle.
- Ça va bien se passer. On fait ça pour Monsieur Madeleine (cf. Épisode 270), pour que ce don permette de fabriquer des médicaments.
- C’est donc vous l’équipe de la fameuse pharmacie du Marché ?, s’exclame un infirmier en venant vers le groupe. Vous venez en force. Si toutes les pharmacies envoyaient quatre ou cinq personnes comme vous, on remplirait les réserves…
- Bonjour, Monsieur, répond Christèle. C’est moi qui ai appelé pour prendre rendez-vous.
- Appelez-moi, Didier. Donc j’ai deux dons de sang et deux de plasma c’est ça ?
- Trois dons de sang, rectifie Julien. On a réussi à convaincre le chef…
- Le chef, répond J-C en haussant les épaules. Je te rappelle qu’on est associé, donc je ne suis pas plus ton chef que toi le mien.
- Tu aurais préféré que je dise l’ancien ?, le taquine le jeune homme.
Didier les interrompt :
- Tenez, je vous laisse remplir ce questionnaire. Ensuite, vous serez appelés par le médecin l’un après l’autre. On va faire passer en priorité les donneurs de plasma, vu que c’est plus long. C’est qui ?
Julien et Christèle lèvent la main pour se désigner. Après la consultation médicale, les collègues de la pharmacie du Marché se retrouvent dans la salle de prélèvement. Alice s’assoit entre Gisèle et J-C. Julien et Christèle sont déjà installés, à quelques mètres dans la même salle.
L’étudiante se laisse désinfecter le bras. Lorsque l’infirmière approche l’aiguille, elle sent la jeune fille se crisper :
- Détendez-vous mademoiselle. C’est la première fois, c’est ça ?
- Oui.
- Mais ce n’est pas la première prise de sang, je pense ? Et bien, c’est exactement pareil. Dans un premier temps, je ne fais que des prélèvements. Voilà, tout va bien.
Alice sent un pincement dans sa veine. Elle n’ose pas regarder le sang monter dans les tubes. À côté d’elle, Gisèle lit Paris Match.
- Je suis là, n’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit, dit l’infirmière en s’éloignant.
Pour passer le temps, l’étudiante en pharmacie regarde son téléphone, laissant de côté la chemise en carton qui contient les premiers chapitres de sa thèse.
- C’est pour bientôt, dis-donc, lui dit J-C en voyant le dossier posé sur la table.
- Oui, j’ai quasiment terminé. J’avais prévu de relire ce matin, mais…
- Oh, dis donc ! , s’exclame Gisèle à côté. Vous avez vu ça ? On peut changer la couleur de ses yeux, définitivement. J’ai toujours rêvé d’avoir les yeux bleus.
- Oh, oh, je te le déconseille Gisèle, intervient Julien assis dans son fauteuil, en face de sa collègue. Ça s’appelle une kérato-pigmentation et ça ne fait pas l’unanimité. L’Académie de médecine a d’ailleurs alerté sur les risques… oh pardon, mon téléphone.
Après quelques secondes, il raccroche, le visage blême :
- C’était Juliette. Elle pense que le travail a commencé.
- Ça ne va pas, Monsieur ?, lui demande l’infirmière. Non, ne touchez pas à l’aiguille…
- Il faut que je parte. Ma femme va accoucher.
(À suivre…)