Le Quotidien du pharmacien. - Comprenez-vous l'inertie des pouvoirs publics dans la mise en œuvre de l'ESCAP, dénoncée par l'UNPS ?
Philippe Besset. - Je ne partage pas cette vision, car pour ma part je constate que les lignes bougent. D'une part, le président de la République a annoncé la création du pharmacien référent et de l'infirmier référent. D'autre part, « Mon espace santé » est appelé dans son déploiement à intégrer ces professionnels de santé référent. Le cadre de l'équipe de soins coordonnés avec le patient (ESCAP) est donc posé.
Comment analysez-vous la position de l'assurance-maladie dans ce dossier ?
L'assurance-maladie n'y est pas, à mon sens, opposée. Son directeur général a juste dit qu'il ne voulait pas que chaque adhésion d'un patient à une ESCAP déclenche automatiquement le forfait structure. En ce sens, il a raison car il y aura autant d'ESCAP que de patients, soit potentiellement 65 millions ! Pour moi, l'ESCAP, c'est l'avenir, mais nous allons avoir différents types d'ESCAP. Certaines n'induisant pas de prise en charge lourde, et d'autres centrées par exemple sur des cas de patients atteints de cancer qui exigeront une intervention pluridisciplinaire réunissant son oncologue, son infirmière, son pharmacien et son généraliste. Toutes n'auront pas besoin d'être financées de manière spécifique.
L'UNPS pointe également le financement des outils numériques, indispensables au bon fonctionnement d'une ESCAP.
Je pense que ces outils sont prévus dans le Ségur du numérique. Nous découvrirons les fonctionnalités de nos nouveaux logiciels - y compris la messagerie sécurisée et l'intégration de certains documents patients - que nous devrions recevoir en octobre ou en novembre. Nous pourrons alors vérifier si elles sont opérationnelles. Je comprends en revanche l'impatience des kinésithérapeutes et les infirmiers qui n'ont pas encore débuté le Ségur du numérique.