- Alors Kenza, comment ça s'est résolu entre tes deux tourtereaux (voir épisode 175) ?, demande Marion à sa nouvelle collègue.
- Je crois surtout que ces deux personnes ont peur de s'engager. Au départ, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une histoire d'adultère mais en fait, pas du tout. Les deux sont célibataires, divorcés depuis peu et collègues. Un peu perdus dans leur vie en fait…
- Vous avez vu ? Il y a un gars allongé près de l'entrée de la pharmacie, intervient Théo, paniqué.
- Allongé ? Tu veux dire quelqu'un qui a fait un malaise ?, dit Marion en s'approchant de l'entrée.
- Non, non. C'est un SDF je crois. Il fait la manche, répond le stagiaire de 6e année.
- Voilà autre chose ! Je vais prévenir J-C et Karine…
- Karine n'est pas là. Il n'y a que J-C dans son bureau, lance Gisèle qui écoute la conversation. Mais de toute façon, on ne peut pas le laisser là…
Elle s'interrompt lorsque deux clients franchissent la porte de la pharmacie.
- Il a changé de place, explique l'un d'entre eux à Gisèle, alors qu'il arrive au comptoir d'accueil.
- Qui donc ?
- Alain. C'est le type qui est à votre porte. Il n'est pas méchant, juste à la rue… C’est triste. D'habitude, il est à Super O. Mais il a dû se faire dégager, poursuit l'homme tout en sortant son bon de prise en charge de la grippe. Je peux ?
- Recevoir le vaccin ? Carrément. Et vous avez raison, parce que la grippe court toujours, lui dit Kenza. Vous croyez que la direction du supermarché lui a demandé de partir ?
- Non, pas la direction du magasin. Il s'est plutôt fait jeter par ses copains. Chacun son territoire…
- Que se passe-t-il ? intervient J-C tout juste sorti de son bureau. Gisèle m'a dit que vous vouliez me voir…
- Venez. Théo, tu t'occupes de Madame s'il te plaît, murmure l'adjointe avant d'emmener son patron près de la vitrine.
En voyant le pauvre homme au sol, son chien couché à ses pieds, J-C pousse un soupir :
- Et zut. Fallait bien que ça nous arrive un jour…
- Il n'embête personne, tente Emmanuel.
J-C le regarde, les sourcils froncés :
- Peut-être, mais ça fait pas très clean tout de même. Je suis certain que ça va rebuter des clients.
- On peut peut-être aller le voir et lui parler. Après tout, c'est aussi notre mission sociale…
J-C secoue la tête :
- Mission sociale, je t'en foutrais moi. Non, non, je vais le faire partir.
- Non, laissez-moi y aller J-C. S'il vous plaît. Je vais lui parler. En plus il fait froid. Ici, il est à l'abri des courants d'air, insiste Emmanuel.
- Et moi je contacte la Croix Rouge, pour qu'ils nous disent s'ils l'ont déjà rencontré lors des maraudes, ajoute Marion d'un ton suffisamment ferme pour que J-C change d'avis.
- Bon. OK. Mais faites en sorte qu'il ne prenne pas racine ici.
- J'aurais besoin de l'avis d'un pharmacien s'il vous plaît, explique Théo en s'approchant de Marion et du titulaire :
- Ces deux ados m'ont présenté cette ordonnance de clonazépam. Mais c'est bizarre. Pas de date, pas de signature… En plus, elles n'ont pas de carte Vitale.
- Effectivement c'est louche, confirme Marion. Mais ! Je la connais celle de gauche. Elle est dans la classe de mon fils. Sa mère est médecin.
(À suivre…)