La BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) est une affection résultant d’une interaction entre une prédisposition génétique et l’impact de plusieurs facteurs environnementaux incluant le tabac et la fumée de tabac. C’est un modèle accéléré de vieillissement du poumon : très vite s’installe une fibrose des voies aériennes, le calibre des bronches diminue et le parenchyme pulmonaire se détruit silencieusement mais progressivement. La pathologie concerne aussi bien les hommes que les femmes, mais des données récentes suggèrent que sa prévalence féminine augmente dans les pays où les habitudes tabagiques des femmes ont rejoint celles des hommes. Or les Françaises n’ont jamais autant fumé et 40 % des fumeuses ont moins de 17 ans. Face aux risques du tabac, la parité n’existe pas : la dégradation respiratoire est plus rapide chez la femme que chez l’homme. Au scanner, on note un déclin de la densité pulmonaire plus élevé, quels que soient l’âge ou l’IMC.
« À tabagisme égal, les femmes ont tendance à développer précocement une forme plus sévère de BPCO avec des particularités cliniques spécifiques : moins d’expectoration mais plus de toux nocturne, de dyspnée et de fatigue, précise Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie (FFP). Les comorbidités sont également différentes chez la femme avec moins d’incidence cardio-vasculaire que chez l’homme, mais un risque d’ostéoporose plus élevé et une souffrance psychologique plus intense (anxiété et dépression). » Chez les femmes en âge de procréer, on observe une réduction de la fertilité, un retard de conception, une diminution des capacités de fécondation et une augmentation du risque de grossesse extra-utérines. Globalement, les femmes atteintes de BPCO ont une qualité de vie plus détériorée, elles ont plus à souffrir du regard social sur leur affection que leurs compagnons fumeurs, cela les conduit à un isolement et à une perte de confiance. « En effet, leurs symptômes suscitent de l’incompréhension de la part l’entourage et du milieu médical qui n’ont pas pris conscience de la féminisation du comportement tabagique et de ses conséquences », remarque le Dr Chantal Raherison, pneumologue à Bordeaux.
Sept propositions qui peuvent tout changer
La BPCO véhicule encore une image très masculine, le diagnostic est moins souvent porté devant le cas d’une fumeuse (49 %) que devant le cas d’un fumeur (64,6 %). Résultat : les femmes restent très largement et trop tardivement sous-diagnostiquées, elles seraient moins bien informées et moins souvent adressées à des spécialistes pour bénéficier d’une prise en charge précoce et efficace. Pourtant, des données montrent une mortalité féminine en augmentation comparativement aux hommes. En France, les décès féminins attribuables au tabac augmentent régulièrement (de 1 % en 1980 à 19 % en 2012). « Dans l’évaluation des maladies chroniques de la femme il existe peu de données concernant la BPCO. Il faut également souligner le manque crucial en France de données épidémiologiques représentatives de la population, en stratifiant le sexe, avec une méthodologie standardisée permettant les comparaisons internationales », constate Frédéric Le Guillou, président de l’Association BPCO. Forte de ses douze ans d’expérience, l’Association vient de présenter, lors de son colloque 2015, sept propositions concrètes qui pourraient tout changer si les autorités de santé les prenaient en considération. Parmi ces pistes, la mise en place d’un enseignement sur les risques du tabac dans le programme scolaire dès l’école primaire, un volet « risques et méfaits du tabac » intégré au programme d’EPS au collège et lycée, le repérage systématique de la BPCO chez toutes les femmes fumeuses et une grande campagne de sensibilisation et de prévention.
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