« QUAND j’étais jeune, mon rêve, c’était de faire de films de fiction… comme tous les jeunes. » Des années après, Francis Fontès est à l’opposé de la fiction puisqu’il réalise, depuis longtemps déjà, des documentaires. Avec l’objectif quasi unique de filmer encore et encore la vallée pyrénéenne de Vicdessos, dont il est tombé amoureux. Originaire de Béziers, ce préparateur travaillant dans une pharmacie à Sète depuis des années, est arrivé à la montagne grâce à son métier et à son intérêt pour l’herboristerie, mais aussi grâce à son épouse, originaire de Chamonix. C’est ainsi que, au fil du temps, ses deux passions, le cinéma et la montagne pyrénéenne, ont fini par n’en faire plus qu’une. « Certes, cette vallée de Vicdessos, ce n’est ni l’Himalaya, ni les Andes, mais c’est un des plus beaux endroits que l’on puisse trouver dans les Pyrénées, explique-t-il, un endroit ou, par ailleurs, les gens sont attachants et où l’on trouve une grande authenticité. » Ainsi qu’une grande diversité de sujets. L’enracinement à la terre, l’histoire du lieu et des hommes, représentent une source inépuisable. Il s’est plusieurs fois intéressé à la résistance et l’un de ses films a d’ailleurs été sélectionné l’année dernière au festival international du film de montagne d’Autrans. « C’est le festival de Cannes du genre, explique Francis Fontès, j’y ai côtoyé Nicolas Hulot ou Jean-Louis Étienne. » Le cinéaste pharmacien y a présenté « les carnets de Jean-Marie », le récit d’un jeune berger pendant la guerre envoyé par son père pour surveiller les patrouilles allemandes depuis le sommet du mont-Ceint. Jean-Marie, 81 ans, témoigne dans ce document de 13 minutes. La période de la résistance l’intéresse tout particulièrement puisqu’il a également réalisé un document-fiction sur des évadés qui ont franchi les Pyrénées pour s’engager dans la France libre : c’est le sujet du film « René, Jean et Hubert, évadés de France, des héros ordinaires », tourné au terme d’une enquête minutieuse sur ces personnages.
Filmer un biotope.
Mais l’histoire de cette région n’est pas la seule à capter l’œil du cinéaste. L’un de ses prochains films sera consacré à la mouche lasiopogon fourcatensis, une espèce rare, qui se trouve à quelque 2 500 mètres, là où il n’y a déjà plus beaucoup de plantes ni d’insectes. « L’été dernier, j’ai rencontré un entomologiste qui mettait un piège à insectes, il m’a expliqué quel était son objectif, découvrir la larve de cette mouche rare, explique Francis Fontès. Et, c’est une chance, il a réussi à faire éclore des larves. » Ce sera pour le cinéaste l’occasion de faire « l’esquisse d’un biotope », titre de ce prochain film. « J’ai même réussi à filmer l’accouplement de la mouche. »
Sa carrière de documentaliste se déroule ainsi, sous l’impulsion de belles rencontres. « Je suis beaucoup aidé par les gens de la vallée, mais aussi par mon épouse qui travaille autant que moi sur ces films », confie-t-il. Comme pour souligner l’aspect humain de son aventure de cinéaste. Car au plan financier, cela ne lui rapporte guère, les DVD vendus par l’intermédiaire d’une association qu’il a créée ne rapportent pas beaucoup. Mais ses films ne lui coûtent pas beaucoup non plus, juste l’investissement du matériel numérique et du logiciel de montage. Pour le reste, il fait appel au bénévolat pour, par exemple, les acteurs qui incarnent certains personnages du passé dans ses films. Son travail d’assistant pharmacien est suffisamment bien organisé pour lui laisser le temps libre dont il a besoin afin de mener à bien son autre vie.
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