La pelade, ou alopecia areata, appartient à la grande famille des alopécies. Elle touche 1 à 2 % de la population française, autant les hommes que les femmes, et débute fréquemment dans dès l'adolescence.
L'agression des follicules pileux par le système immunitaire conduit à une perte totale ou partielle des cheveux sous forme de plaques rondes glabres non inflammatoires ; on parle d'alopécie non cicatricielle. Même si la pelade n'a pas d'incidence sur la santé et n'est pas contagieuse. Ses retentissements psychologiques sont considérables (détresse émotionnelle, honte, stigmatisation, retrait social et sexuel, risque de suicide) d'autant que les traitements actuels pour la traiter ne sont pas satisfaisants. « Contrairement aux idées reçues l'origine n'est pas psychosomatique, le problème vient d'un dysfonctionnement du système immunitaire, précise le Pr Thierry Passeron, dermatologue au CHU de Nice. Les anticorps (lymphocytes) s'attaquent à tort aux follicules pileux à la base du cheveu et les bloquent partiellement ou totalement d'où leur chute. Pour autant les follicules ne sont pas détruits, ils arrêtent momentanément de pousser. »
Il existe deux grandes formes de pelade, celle en plaques spontanément régressives (90 % des cas) et la forme sévère et totale sans aucune repousse de cheveux (10 % des cas). Les causes, encore mal élucidées, sont multifactorielles (stress hormonal, maladies infectieuses, exposition à une substance chimique). Ce terrain auto-immun préexiste et les personnes concernées peuvent aussi souffrir de diabète type 1, de vitiligo, de lupus discoïde. « La pelade se différencie facilement des alopécies androgénétiques, de la trichotillomanie, des teignes ou des alopécies cicatricielles (lupus, lichen) et son diagnostic clinique est facile à poser poursuit le dermatologue. Son évolution est imprévisible et variable d'une personne à l'autre mais les repousses spontanées sont faibles. »
Une capacité à faire repousser les cheveux
Récemment approuvé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) qui a accepté sa demande d'AMM pour les patients de 12 ans et plus, le ritlecitinib, commercialisé sous le nom de Litfulo, a démontré des résultats prometteurs. Le ritlécitinib, est un inhibiteur sélectif de la Janus kinase 3 (JAK3), et des TEC kinases. En bloquant ces enzymes, il modère la réaction excessive du système immunitaire en empêchant certaines cellules immunitaires de déclencher une inflammation dans les follicules pileux. Ainsi, les cheveux peuvent repousser, probablement en restaurant leur « immunité ».
Les bénéfices de Litfulo ont été étudiés dans le cadre d’une étude principale Allegro portant sur 718 adultes et adolescents âgés de plus de 12 ans, atteints de pelade sévère avec une perte de cheveux de plus de 50 %, mesurée par l'outil Salt (severity of alopecia tool), 261 ont reçu 50 mg par jour de Litfulo versus un placebo. Dans son essai de phase IIb/III, 13,4 % d'entre eux se trouvaient en quasi-rémission après 24 semaines de traitement, ce qui signifie qu’ils avaient une couverture capillaire de plus de 90 % (score Salt 10), et 23 % avaient une couverture capillaire de 80 % (score Salt 20) contre 1,5 % avec le placebo. Après 48 semaines, 31 % des patients ayant reçu Litfulo se trouvaient en quasi-rémission.
Pfizer est le premier laboratoire à présenter ce médicament anti-JAK pour tous patients confrontés aux défis posés par cette maladie auto-immune en faisant une option pour les adolescents de plus de 12 ans. Les effets secondaires concernent le risque d’infections, d’affections cardiovasculaires, de cancer, de neurotoxicité. Litfulo ne doit pas être utilisé chez les patients atteints d’infections graves actives ou de graves troubles hépatiques, ni chez les femmes enceintes ou allaitantes. Bien que les effets indésirables soient considérés comme gérables, on manque encore de recul sur le risque de rechute et sur son utilisation à long terme. Le médicament se présente en gélules à raison d'une prise par jour. Il devrait être disponible dans quelques mois en France sur prescription hospitalière (PIH annuelle et renouvellement par les dermatologues).
D'après une visioconférence de Pfizer.