Le Quotidien du pharmacien.- Pourquoi avez-vous choisi de défendre une proposition de résolution pour les patients atteints de Covid long ?
Patricia Mirallès.- J’ai moi-même attrapé le Covid l’année dernière. Après 7 jours d’hospitalisation, j’en suis sortie vivante mais pas indemne et je souffre toujours aujourd’hui. Pourtant j’ai été bien suivie. Le fait d’avoir été hospitalisée m’a permis d’être diagnostiquée et d’avoir par la suite des examens de suivi. Après en avoir parlé avec des médecins, des infectiologues, mais aussi d’autres patients, je me suis rendue compte que tout le monde n’avait pas cette chance. Alors, en tant que députée, j’ai pensé qu’il fallait que je porte quelque chose sur le plan législatif pour tendre la main à tout le monde et que le premier besoin était de reconnaître cette pathologie de Covid long. C’est pourquoi j’ai réfléchi à une proposition de résolution, un travail mené avec le ministère de la Santé.
Que va permettre cette proposition de résolution ?
Elle a trois objectifs principaux, après celui de la reconnaissance de cette pathologie, bien entendu. D’abord, établir un vrai parcours de soins, structuré et adapté, et proposer les bons examens. Tout le monde doit avoir les mêmes informations. Les fiches publiées récemment par la HAS sont un premier pas, elles donnent un éclairage. Ensuite, il faut retravailler les critères définissant le Covid long en maladie professionnelle et s’appuyer sur la prévention santé au travail. Par exemple, une infirmière qui en est atteinte et qui ne peut plus assumer sa charge de travail habituelle devrait pouvoir bénéficier d’un mi-temps thérapeutique avec maintien de salaire le temps qu’elle récupère. Enfin, il faut donner les moyens à la recherche pour faire progresser la prise en charge de cette pathologie, pour soulager les symptômes, trouver de nouveaux marqueurs…
Selon vous, les formes longues de Covid ont-elles également un impact psychologique ?
C’est certain. Lors de mon hospitalisation, je me suis vue mourir, j’ai même écrit mon testament et je n’avais dit au revoir à personne ! J’ai également vécu l’angoisse de l’attente lorsque mon père a lui-même contracté le virus, celle de savoir s’il allait s’en sortir. Ce sont des épisodes traumatisants et il faut en parler. Après le vote de ma proposition à l’Assemblée, j’ai reçu des tas de messages de personnes qui me disaient être soulagées que leurs symptômes soient reconnus, « qu’ils n’étaient pas fous ». Cette maladie va laisser des séquelles, y compris psychiques, et on les voit déjà. Mais il faut aussi reprendre vie car, malgré tout, elle continue !