Que dire aux patientes affolées rapportant un oubli de pilule ? Il convient, tout d’abord, de demander combien de temps s’est écoulé depuis l’oubli et de quelle pilule il s’agit, car la conduite à tenir peut différer.
Globalement, avec une pilule estroprogestative ou microprogestative : si l’oubli date de moins de 12 heures, conseiller de prendre immédiatement la pilule oubliée, puis la suivante à l’heure habituelle, même si cela consiste à prendre 2 pilules le même jour. Si l’oubli date de plus de 12 heures, le conseil est le même, mais préciser qu’en cas de rapports sexuels dans les 7 jours qui suivent, il est indispensable d’utiliser, en plus, une méthode de contraception locale, notamment un préservatif, durant ces 7 jours. « En cas d’oubli (datant de plus de 12 heures) durant la dernière semaine de la plaquette, enchaîner la prise sans faire de semaine d’arrêt, précise le Dr Sandrine Pérol, gynécologue médicale à l’hôpital Cochin-site Port-Royal (Paris). Mais, auparavant, il faut poser une question importante : y a-t-il eu des rapports non protégés par préservatif (en prévention d’IST par exemple) pendant les 5 jours avant l’oubli ? Si oui, proposer, en plus, une contraception d’urgence par voie orale (Norlevo). En cas d’oubli de 2 pilules, également. » Par ailleurs, le Dr Pérol signale deux cas particuliers. Pour la pilule progestative pure à base de lévonorgestrel (Microval), les délais à considérer pour la marche à suivre sont plus courts : moins de 3 heures et plus de 3 heures. Alors que pour la pilule contenant uniquement de la drospirénone (Slinda), le délai post-oubli est plus long : 24 heures.
Gare aux inducteurs enzymatiques
Après un rapport sexuel à risque, bien redire à la patiente qu’il faut réagir vite, quelle que soit la méthode de contraception d’urgence choisie. « Le dispositif intra-utérin au cuivre (DIU) est la méthode la plus efficace, sous réserve cependant qu’il soit posé dans les 5 jours suivant le rapport sexuel à risque, l’idée étant d’agir avant une éventuelle nidation », rappelle Sandrine Pérol.
Pour la pilule du lendemain, deux possibilités : Norlevo (lévonorgestrel) à prendre dans les 72 heures suivant le rapport à risque, ou Ellaone (acétate d’ulipristal) à prendre dans les 5 jours, sachant que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) recommande, depuis 2018, de favoriser le lévonorgestrel pour les femmes déjà sous contraception hormonale. Mais, « bien sûr, si le rapport à risque date de 4 ou 5 jours, l’acétate d’ulipristal s’impose ».
Autre rappel utile : chez les femmes traitées au long cours par des inducteurs enzymatiques - connus pour abaisser l’efficacité de toutes les contraceptions hormonales - les experts recommandent comme contraception d’urgence : soit la pose d’un DIU au cuivre, soit une double dose de Norlevo.
D’après une communication du Dr Sandrine Pérol lors des 73es JPIP.