►Un nouveau cadre réglementaire
Limitée à la grippe saisonnière lors de son expérimentation commencée en 2017, la vaccination* à l’officine s’est depuis étendue au Covid-19 et intègre 14 nouvelles valences : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, papillomavirus humains, infections invasives à pneumocoque, hépatite A, hépatite B, méningocoques ABCYW, rage – selon l’arrêté du 21 avril 2022**. La dernière convention pharmaceutique, signée en mars 2022, a fixé à 7,50 euros TTC (7,88 euros TTC en outre mer) l’administration par le pharmacien d’un vaccin prescrit par un autre professionnel de santé ou hors prescription. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la prescription d’un vaccin par le pharmacien – pratiquée par dérogation dans la lutte contre le Covid-19 – devrait être autorisée en 2023 mais reste suspendue à l’avis de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). L’acte de vaccination serait alors rémunéré à hauteur de 9,60 euros TTC. Encore réservés aux adultes et mineurs à partir de 16 ans (pour lesquels ces vaccinations sont recommandées dans le calendrier des vaccinations en vigueur), ces vaccins devraient, alors, être administrables à toutes les personnes dès l’âge de 2 ans.
►Les modalités de la pratique
L’officine ne pourra pratiquer la vaccination qu’après avoir envoyé à l’agence régionale de santé un dossier de déclaration du titulaire mentionnant les membres de l’équipe habilités à vacciner et attestant du suivi des formations validées et de la conformité de l’officine aux conditions techniques (local adapté avec un espace de confidentialité, équipé d’une chaise, d’une table, d’une enceinte réfrigérée pour conserver les vaccins, d’une boîte DASRI pour éliminer le matériel de vaccination usagé). Selon la nouvelle convention, le pharmacien doit également : identifier les personnes éligibles à la vaccination, vérifier leur éligibilité et l’absence de problèmes nécessitant une orientation vers un médecin traitant, expliquer les recommandations et informer des éventuels effets indésirables, vérifier les contre-indications, gérer les réactions post-vaccinales, transcrire la vaccination avec la date d’administration du vaccin et le numéro de lot, reporter ces informations avec le nom du patient dans son carnet de santé, carnet de vaccination/électronique, dossier médical partagé.
►Sous conditions
À l’officine, titulaires comme adjoints peuvent administrer les vaccins à condition d’avoir suivi une formation initiale ou relevant du développement professionnel continu (DPC) sous la forme de deux sessions (théorie et pratique) permettant d’assurer le geste vaccinal et de répondre aux questions que peut soulever la vaccination dans la population. Par dérogation, les préparateurs et étudiants dès la 4e année peuvent vacciner contre la grippe et le Covid-19 s’ils ont été formés au geste vaccinal par un professionnel de santé et s’ils agissent sous la surveillance d’un pharmacien habilité à vacciner.
►Bien gérer les commandes
Les précommandes des vaccins antigrippe se font directement auprès des laboratoires choisis par le pharmacien selon les ventes de l’année précédente. Les autres vaccins sont livrés chaque jour par le circuit des grossistes répartiteurs (à condition qu’ils ne soient pas en situation de pénurie). Les commandes des différents vaccins contre le Covid-19, pour leur part, se font sur un site dédié. Si la rapidité des livraisons s’améliore, l’attente n’étant plus que de quelques jours pour recevoir les doses, il faut anticiper les commandes si l’on veut pouvoir honorer toutes les demandes des patients.
►Bien organiser les RDV
L’organisation va dépendre du rythme vaccinal. Quelques vaccins à administrer par jour (une douzaine dans la semaine) ne nécessitent pas une préparation spécifique. Les rendez-vous peuvent être pris par téléphone et reportés sur un agenda papier ou électronique. Il faudra en revanche veiller à sélectionner, au préalable, les patients éligibles et prioritaires, les informer de l’importance vaccinale et programmer leur passage à l’officine. Si les demandes de vaccination se multiplient, mieux vaut automatiser la gestion des rendez-vous, soit en les confiant à une plateforme dédiée – Doctolib, Maiia, capables de traiter des flux importants et qui laissent à chacun l’initiative de s’inscrire – soit en mettant en place un serveur vocal interactif qui proposera un choix de jour et d’horaire à l’interlocuteur. Au final, chaque demande doit être renseignée avec le nom du patient, le motif, la date et l’heure du rendez-vous ainsi que le membre de l’équipe qui l’assurera. Dès qu’un rendez-vous est pris, on imprime un ticket à remettre au patient pour lui rappeler la date et l’heure. Le rappel peut être fait par SMS ou par email.
►Informer les patients
Même si la crise sanitaire a désigné l’officine comme lieu de vaccination possible aux yeux d'un plus large public, il est nécessaire d’informer la patientèle sur l’éventail de possibilités que recouvre désormais cette mission. Pour ce faire, différents moyens coexistent : site Internet de l’officine, réseaux sociaux, mais aussi affichage, badges, balisage de l’espace dédié à la vaccination, sans oublier le rappel qui peut être fait au comptoir dès qu’un profil éligible se présente. Des affichettes soulignant l’intérêt de la vaccination sont notamment disponibles via le site du Cespharm de l’Ordre des pharmaciens (« Grippe saisonnière, Vaccinez-vous, Demandez à votre pharmacien » ou « Vaccin Covid-19, Ici nous vaccinons »)…
* Article L5125-1-1 A du code de la santé publique.
** Fixant la liste des vaccins que les pharmaciens d'officine sont autorisés à administrer en application du 9e alinéa de l'article L. 5125-1-1 A du CSP et la liste des personnes pouvant en bénéficier.
(Sujet réalisé en collaboration avec Sandrine Beaurain, titulaire dans les Hauts-de-France, formatrice spécialisée en vaccination auprès de l’organisme Ospharm).