La FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté) rappelle que les produits de protection solaire sont actuellement définis comme « toute préparation (crème, huile, gel, aérosol) destinée à être placée en contact avec la peau humaine dans le but exclusif ou principal de la protéger du rayonnement UV en absorbant, dispersant ou réfléchissant ce rayonnement ». Tous les produits solaires autorisés par le Règlement cosmétique européen et vendus en France doivent respecter des protocoles stricts et des normes internationales garantissant leur efficacité et leur sécurité pour le consommateur : norme ISO 24444 pour évaluer la protection contre les UVB (SPF) et norme ISO 24442 et 24443 pour évaluer la protection contre les UVA. Chaque type de filtre (organique ou minéral) fait l'objet de contrôles de qualité et de sécurité rigoureux réalisés par des experts indépendants. « Le Comité scientifique de la sécurité du consommateur (CSSC) détermine la dose sans effet toxique en prenant en compte la quantité du produit utilisée sur tout le corps et sa pénétration cutanée, y compris pour les sources d'exposition orale (stick lèvres) et inhalée (sprays), explique Clarisse Bavoux, toxicologue ERT, laboratoire Cethra. Chaque produit doit recevoir l'approbation d'un évaluateur de sécurité (toxicologue) avant sa mise sur le marché, et il fait l'objet d'une cosmétovigilance tout au long de sa vie. » L'innocuité des filtres sur la santé ainsi que leur efficacité sont réévaluées et remises en cause régulièrement par le CSSC. Actuellement, deux nouvelles normes sont en cours pour le SPF ainsi qu'un travail de recherche sur la galénique des produits waterproof pour une tenue longue durée.
Un impact environnemental mal connu
Le rôle des filtres solaires sur la pollution marine est à relativiser. Pour Erwan Poivet, conseiller scientifique à la FEBEA, ces produits ne représentent qu’une infime partie des substances chimiques rejetées en mer : « On estime qu’entre 14 et 25 kilotonnes de crèmes solaires sont utilisées chaque année, dont 25 % vont se disperser dans l’océan. Par ailleurs les filtres solaires ne représentent qu’entre 10 et 15 % de la composition d’une crème solaire. À titre de comparaison, les activités humaines rejettent chaque année 0,5 million de tonnes de pesticides, entre 1 et 1,2 million de tonnes d’hydrocarbure et de métaux lourds et environ 15 millions de tonnes de nitrate et phosphate (engrais agricoles). » Les plastiques demeurant la source de pollution marine majeure : chaque année, entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique terminent dans les océans.
La FEBEA souligne (…) le fait que la fragilisation des coraux trouve majoritairement son origine dans les effets du réchauffement climatique
De même, l'impact des filtres solaires sur le blanchiment des coraux est mal connu. « Il n’existe pas de consensus scientifique et, en l'état actuel des connaissances, on manque de données environnementales fiables (rapport ANSES 2023), poursuit le conseiller FEBEA. L'évaluation par l'EPA (Environnemental Protection Agency) en milieu naturel révèle une concentration très inférieure aux doses critiques, y compris sur les plages très fréquentées. » Pour autant, sur la base des concentrations rapportées dans la littérature scientifique dans des zones marines (autres que les territoires français ultramarins), l’ANSES relève que « l’expertise a pu identifier cinq filtres UV à risque sur les 11 identifiés par la revue systématique. Il s’agit du salicylate de 2-éthylhexyle, de l’enzacamène, de l’octocrylène, de la benzophénone-3 et de l’octinoxate ». La FEBEA souligne toutefois le fait que la fragilisation des coraux trouve majoritairement son origine dans les effets du réchauffement climatique, notamment du fait de l’augmentation de la température et de l’acidification des eaux, comme l’a rapporté une étude du Centre Scientifique de Monaco (CSM) publiée en 2009. Si le dernier rapport de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) publié en 2024 confirme que c'est bien le réchauffement climatique, à l'origine de vagues de chaleur marine, qui entraîne un blanchiment massif des coraux dans le monde. L’ANSES souligne : « Si on veut donner une chance aux récifs coralliens de faire face aux effets du changement climatique, qui seront de plus en plus intenses dans les années à venir, il est essentiel de préserver la qualité de l’eau et d’intensifier la lutte contre les pollutions à toutes les échelles. »
D'après une visioconférence de la FEBEA
L'industrie cosmétique se mobilise
Les industriels prennent des initiatives individuelles pour concevoir des formules de produits solaires visant à assurer une protection optimale, tout en réduisant leur impact sur l’environnement. Par exemple, en introduisant des ingrédients d’origine végétale ou biodégradables, sans oublier les formules qui résistent à l’eau. Le secteur industriel finance également des centres de recherche scientifiques pour développer de nouvelles méthodes permettent de mieux évaluer et comprendre l'écotoxicité.