Avec le retour des TROD angine, mais surtout avec les quelque 44 millions tests antigéniques réalisés depuis le début de la crise sanitaire *, le positionnement du pharmacien dans le dépistage et la prévention n’est plus contesté. Pas davantage la capacité du réseau officinal à répondre aux enjeux de santé publique en assurant le suivi épidémiologique.
Pour l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), partenaire des négociations avec l’assurance-maladie, il s’agit désormais de s’appuyer sur l’expertise et les capacités d’organisation de l’officine pour appliquer ces compétences à d’autres cibles de dépistage. « Il n’est pas question d’effectuer systématiquement un diagnostic mais bien de démontrer que, par cet acte de dépistage, nous pouvons réorienter le patient vers un professionnel de santé, voire le réintégrer dans le parcours de soins s’il s’en est éloigné », insiste son président Pierre-Olivier Variot, indiquant que la coordination entre professionnels de santé doit être le pivot du dépistage.
Une liste établie par la convention
Il n’exclut pas – avec, dit-il, le consentement de Jacques Batistoni, président de MG France - de formaliser l’usage du TROD au sein d’une « consultation prévention ». « Comme aujourd’hui en cas de TAG positif, le médecin traitant est informé, il pourrait être averti par une fiche si son patient présente des résultats hors norme à l’issue d’un TROD », expose le président de l’USPO. Selon lui, au-delà de l’HTA, de la glycémie ou du cholestérol, le champ du dépistage pourrait s’ouvrir au HIV, à la maladie de Lyme, à l’hépatite… Pourvu que ces nouvelles approches soient avalisées par la Haute Autorité de santé (HAS).
Parallèlement, comme le souligne Pierre-Olivier Variot, ces TROD feront l’objet d’une liste qui sera définie dans le cadre de la future convention pharmaceutique. La question de la rémunération du pharmacien pour la réalisation de ces différents TROD sera, elle aussi, soumise aux négociations avec l'assurance-maladie.
Moyennant l’aval des autorités sanitaires et une prise en charge par l’assurance-maladie, le Laboratoire Abbott, qui a développé pas moins de douze tests de dépistage du Covid en moins d’un an, se déclare prêt à suivre les évolutions de la demande en TROD. Le laboratoire, spécialisé, entre autres, dans le diagnostic in vitro, travaille en effet à la miniaturisation des systèmes. « Pour autant, ces développements ne se feront pas dans la précipitation car nous tenons à assurer les standards de qualité qui sont les nôtres. Ils sont la garantie du professionnalisme et de la crédibilité du pharmacien », expose Jean-Baptiste Nivet, directeur général d’Abbott Rapid Diagnostics France. Pour illustrer le rôle incontournable que joueront à l'avenir les TROD dans le dépistage, le suivi thérapeutique et la surveillance de l'évolution d'une maladie, il ajoute : « 70 % des décisions médicales sont aujourd’hui prises sur la base de résultats de diagnostic in vitro. »
*Données IQVIA.
D'après une conférence commune USPO/Abbott.