Le Quotidien du pharmacien. – Comment décèle-t-on un cas de dénutrition au comptoir et quelles questions poser dans ce cas ?
Mélanie Oullion-Simon. – Souvent la personne âgée fait partie des patients habituels et le pharmacien connaît les situations qu'elle traverse et qui peuvent engendrer un déséquilibre de la nutrition : sortie d'hospitalisation en étant amaigrie, traitements pouvant engendrer des besoins nutritionnels spécifiques ou des régimes restrictifs (diabète, hypertension…), polymédication qui peut entraîner une perte d'appétit, appareillage dentaire mal adapté ou état dentaire qui gêne l'alimentation normale, troubles neurologiques… Mais une simple observation de la personne peut parfois trahir une carence nutritionnelle, sachant que les facteurs responsables d'une dénutrition sont très variés. Pour confirmer l'existence d'une situation à risque, de nombreuses questions peuvent être posées sur les traitements suivis, le mode de vie seul ou en couple, les capacités physiques (porter ses courses), les problèmes pour mastiquer, déglutir, le moral, une chirurgie récente, une modification du poids ces derniers mois, auquel cas on propose de peser la personne à la pharmacie. Pour rappel, un IMC (poids/taille²) normal est compris entre 19 et 25 kg/m².
Quels conseils pratiques et diététiques peut-on donner pour rétablir une alimentation équilibrée ?
Plusieurs préconisations peuvent être avancées pour augmenter l'apport calorique : miser sur une alimentation hyperénergétique en donnant la priorité aux protéines (viande, poisson, produits laitiers, œufs) et aux féculents. On assure ainsi l'apport en aliments riches en énergie qui seront consommés avant que la satiété, précoce chez les personnes âgées, ne se fasse sentir. Les légumes et les fruits, à conserver dans les repas, seront proposés dans un second temps. On veillera à enrichir tous les plats avec du fromage, du beurre, de l'huile, de la crème fraîche… Pour faciliter la prise alimentaire on peut également fractionner l'alimentation quotidienne en 3 repas et 3 collations. On augmente ainsi les chances d'arriver à un apport optimal en fin de journée. Par ailleurs, l'appétit peut être stimulé par des aliments frais, colorés, des plats chauds odorants, l'ajout d'épices. Enfin, parce que la dénutrition provoque la déshydratation, il faut assurer à la personne une consommation suffisante de liquides - thé, tisanes, café, bouillon, eau – à raison de 1,5 litre d'eau en petite quantité tout au long de la journée.
Dans quels cas peut-on proposer un complément nutritionnel oral (CNO) ?
Ces produits sont généralement prescrits, car remboursables, selon le profil du patient. En l'absence d'avis médical, conseillez l'introduction du CNO entre les repas de façon à supplémenter l'alimentation de 400 kcal soit 30 g de protéines par jour.