Insolite

Un robot dans la tête

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Publié le 22/05/2025
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Vous souvenez-vous « Le voyage fantastique », ce film des années soixante où des scientifiques américains miniaturisent un sous-marin qu’ils injectent dans le corps d’un patient pour le soigner de l'intérieur et le sauver du coma dans lequel il est plongé ? Cette science-fiction un peu kitch, la start-up française Robeauté est en train d’en faire la plus belle des réalités. Après une levée de fonds spectaculaire, l’entreprise pourra en effet bientôt franchir un nouveau cap dans le développement de son microrobot neurochirurgical pilotable. Le lancement d’une première étude clinique est prévu pour 2026. Pas plus gros qu’un grain de riz, le dispositif peut être guidé à travers le cerveau pour éviter les zones à risque. Évoluant à la vitesse de 3 millimètres par minute, le microrobot a été conçu pour minimiser les traumatismes et améliorer la précision lors d’une intervention neurochirurgicale. Et l’enjeu est important ! Car en neurochirurgie, les opérations se font habituellement en ligne droite, à l’aide d’instruments rigides, et il est souvent difficile d’éviter les zones fonctionnelles du cerveau. Le risque est alors réel d’altérer les facultés motrices ou cognitives du patient. Contrainte qui limite considérablement la capacité à intervenir avec précision, voire empêche d’accéder à certaines zones du cerveau pour opérer ou recueillir des informations sur la pathologie. Le nanorobot développé par Robeauté est, lui, capable de se déplacer à travers la matrice extracellulaire et le réseau vasculaire du cerveau, en suivant des trajectoires courbes, pour atteindre les sites cibles. Sa trajectoire jusqu’à la cible est définie au préalable par intelligence artificielle à partir d’images IRM pour éviter toute zone à risque du cerveau. Le dispositif devrait dans un premier temps être testé pour aller effectuer des microbiopsies sur des tumeurs cérébrales. En plus de la biopsie, le robot pourra aussi un jour délivrer un traitement sur les sites tumoraux, et pourquoi pas la pose guidée d’électrodes stimulatrices chez les malades de Parkinson. Chez Robeauté, on croise les doigts pour une autorisation en 2030.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien