Une étude de l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) montre que les nanoparticules de dioxyde de titane peuvent passer directement de la bouche à la circulation sanguine via les muqueuses buccales, bien avant leur passage dans l’intestin.
L’usage alimentaire du dioxyde de titane (E 171) est interdit en France depuis 2020 et en Europe depuis 2022. En revanche, il est toujours autorisé dans les cosmétiques - notamment dans les dentifrices - et les produits pharmaceutiques. Toutefois, une étude menée par l’INRAE pourrait remettre en question cet usage. En effet, ses résultats, publiés dans « Nanotoxicology », montrent que les nanoparticules qui composent cet additif peuvent passer dans le sang par les muqueuses de la bouche.
Dans de précédents travaux, sur modèle animal, il a été montré que l'ingestion de micro et nanoparticules de dioxyde de titane peut provoquer l’apparition de cellules précancéreuses dans le côlon. De plus, après leur absorption intestinale, elles s’accumulent dans le foie et la rate, mais aussi dans le placenta, jusqu’à contaminer le fœtus. D’où l’interdiction, à titre de précaution, de leur usage alimentaire.
Mais les chercheurs se sont ensuite interrogés pour savoir s’il existait d’autres voies de passage pour ces nanoparticules. Des scientifiques de l'INRAE, en collaboration avec le LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais, Paris), ont alors étudié son absorption par les muqueuses de la cavité buccale. Ils ont tout d’abord étudié leur passage dans la bouche de cochons (histologiquement très proche de celle de l’humain), puis l’effet des nanoparticules sur des cellules buccales humaines en culture. Les résultats montrent non seulement que ces nanoparticules passent par les muqueuses buccales pour atteindre la circulation sanguine, donc bien avant leur absorption dans l’intestin, mais aussi qu’elles peuvent affecter la régénération cellulaire au sein des muqueuses buccales. En revanche, l'effet cancérogène n'a pas été abordé dans l'étude.
Pour les chercheurs, il faut donc « prendre en compte l'exposition directe de la cavité buccale à l’additif alimentaire E171 lors de l'évaluation des risques chez l'être humain, aussi bien lors de son usage dans les produits alimentaires qu’en cosmétique (en particulier pour les dentifrices) et dans les produits pharmaceutiques ».
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