Institut Curie
Cancer du poumon : une nouvelle combinaison améliore la survie
Lueur d’espoir à l’horizon dans la lutte contre le cancer du poumon, avec les résultats de l’étude internationale de phase 3 CheckMate-816, qui s’est intéressée au cancer du poumon non à petites cellules, la forme la plus courante et sujette à un taux de récidive très élevé. En combinant immunothérapie par nivolumab et chimiothérapie avant le retrait par chirurgie de la tumeur, le taux de survie à 5 ans grimpe à 65 %. Cela représente une augmentation de 10 points par rapport à la précédente approche. En effet, la survie à 5 ans des patients traités uniquement par chimiothérapie et chirurgie n’était que de 55 %. Ce n’est pas tout. À 5 ans, dans 25 % des cas, les chercheurs ont observé la disparition des cellules cancéreuses sous l’effet du nivolumab. Les patients « sont guéris, ils ne rechutent pas », se réjouit l’Institut Curie. « CheckMate 816 représente une avancée majeure dans le traitement du cancer du poumon opérable [...] et un espoir pour de nombreux patients, souligne le Pr Nicolas Girard, pneumologue, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie et coordonnateur de l’étude. Ces progrès significatifs rappellent que plus un cancer est détecté tôt, plus les options thérapeutiques sont efficaces et les chances de guérison élevées. D’où l’importance vitale du dépistage précoce du cancer du poumon et la mise en place d’initiatives pour évaluer le dépistage organisé. » Un effort de santé publique auquel les pharmaciens peuvent participer, en orientant vers le nouveau dispositif de dépistage du cancer du poumon lancé cette année par l’Institut national du Cancer (INCa). Principale cause de décès par cancer dans le monde, le cancer du poumon a emporté 1,8 million de personnes en 2020 et plus de 50 000 nouveaux cas ont été détectés en France en 2023.
Cancer du sein hormonodépendant : contrer les résistances aux traitements
Biopsie liquide et hormonothérapie : le professeur François-Clément Bidard de l’Institut des cancers des femmes (Institut Curie) à la tête d’une équipe internationale, a mis au point une nouvelle approche pour intercepter les résistances au traitement des cancers du sein métastatiques hormonodépendants. Lorsque des métastases apparaissent, elles sont traitées par une hormonothérapie combinant une anti-aromatase (qui bloque l’activation du récepteur aux œstrogènes) avec un inhibiteur de la prolifération cellulaire (inhibiteurs de CDK4/6, les « ciclibs »). Toutefois, dans près de 40 % des cas, des mutations activatrices du gène du récepteur aux œstrogènes (ESR1) surviennent en cours de traitement, menant à une résistance à l’hormonothérapie, obligeant à changer d’approche. Dans une précédente étude, le Pr Bidard avait montré qu’il était possible de détecter ces mutations, grâce à une biopsie liquide, plusieurs mois avant la récidive du cancer et de le traiter par camizestrant, un inhibiteur sélectif des récepteurs aux œstrogènes de nouvelle génération. Les patientes recevant le camizestrant ont vu leur risque d’évolution du cancer diminuer de 56 %, repoussant d’environ 6 mois en moyenne le temps jusqu’à la prochaine rechute. À 12 mois, le taux de survie sans progression était de 60,7 % pour les patientes ayant reçu du camizestrant, contre 33,4 % chez les autres. « Ces résultats très positifs valident le potentiel de notre approche d’interception par la détection de mutations dans l’ADN tumoral circulant. Désormais, les perspectives de recherche et clinique sont fascinantes, cette stratégie pouvant potentiellement s’extrapoler dans d’autres situations et types de cancers, et mener à l’enregistrement de nouveaux médicaments », estime le Pr François-Clément Bidard.
Cancers pédiatriques : une thérapie prometteuse
Une étude visant à déterminer l’innocuité et l’efficacité de l’alectinib, un inhibiteur de l’oncogène ALK, a révélé une bonne tolérance et des résultats d’efficacité très prometteurs chez les enfants et les adolescents atteints de tumeurs malignes présentant des fusions au niveau du gène ALK (certains gliomes infantiles de haut grade et certains sarcomes). Avec moins de 10 cas par an en France, ces cancers pédiatriques sont très rares et de pronostic sombre.
L'étude multicentrique de phase I/II iMATRIX a inclus 22 enfants, atteints de tumeurs solides ou du système nerveux central présentant des anomalies liées au gène ALK et pour qui les traitements antérieurs se sont avérés inefficaces. La majorité des patients a présenté une réponse antitumorale. Un excellent résultat dont le Pr François Doz, pédiatre oncologue, directeur adjoint au centre SIREDO de l'Institut Curie et coordonnateur de l’étude se félicite : « L'alectinib a été bien toléré chez les jeunes patients atteints de ces tumeurs qui sont très rares et difficiles à traiter. Et surtout, les résultats d'efficacité, bien qu’encore très préliminaires, sont prometteurs. En démontrant un profil bénéfice-risque favorable, nous allons travailler à la poursuite de l’évaluation clinique de ce médicament. »
Institut Gustave Roussy
Cancer ORL : première avancée depuis 20 ans
« Il s’agit d’un projet majeur qui va changer la pratique de traitement », se réjouit le Dr YunGan Tao, onco-radiothérapeute à Gustave Roussy, spécialiste des cancers de la tête et du cou et président-élu du GORTEC, coordinateur pour la France de l’étude internationale NIVOPOSTOP. Les carcinomes épidermoïdes ORL, cancers en lien avec le tabac, l’alcool ou le papillomavirus humain représentent environ 90 % des cancers de la tête et du cou. Ceux-ci présentent un risque élevé de rechute, même après chirurgie. Les deux principaux facteurs de risque identifiés sont la propagation de la tumeur au-delà de la membrane des ganglions lymphatiques cervicaux et l’impossibilité de son retrait à un niveau microscopique. Les travaux ont été menés durant 6 ans dans six pays avec 680 patients âgés de moins de 75 ans, opérés d’un carcinome épidermoïde localement avancé de la bouche, de l’oropharynx, de l’hypopharynx ou du larynx, et présentant au moins un facteur de haut risque de rechute. Après avoir été opérés, les patients ont été répartis en deux groupes : le premier a reçu une radiothérapie plus trois cycles de cisplatine (traitement standard) et le second a reçu le même traitement avec en plus du nivolumab. « Après un suivi médian de plus de 30 mois, le taux de survie sans récidive à 3 ans est passé de 52,5 % avec le traitement standard à 63,1 % avec l’ajout de l’immunothérapie. Il s’agit de la première avancée majeure dans cette situation clinique depuis plus de deux décennies », conclut le Dr Yungan Tao. Par ailleurs, l’ajout de l’immunothérapie améliore significativement la survie sans rechute, avec une diminution de 24 % du risque de rechute et/ou de décès.
Cancer colorectal : un espoir pour les patients en échec thérapeutique
Dans les résultats de cette étude, plus de 90 % des patients avaient leur maladie sous contrôle, 42 % présentaient une réponse complète ou partielle et la durée de la survie sans progression de la maladie s’est élevée à 7,4 mois. Ces résultats sont d’autant plus encourageants qu’ils concernent des patients qui se trouvaient souvent en échec thérapeutique. Présentés par le Dr Antoine Hollebecque, oncologue à Gustave Roussy, ces travaux ont évalué la capacité d’une nouvelle association de molécules à surmonter les mécanismes de résistance. Ce sont donc 93 patients atteints d’un cancer colorectal KRAS G12C métastatique, ayant reçu en moyenne trois lignes de traitement antérieures qui ont reçu de l’olomorasib (un inhibiteur de KRAS G12C, une mutation à pronostic défavorable) et du cetuximab (une thérapie ciblée anti-EGFR, un facteur de croissance). « Ces données confirment la pertinence des approches combinées pour contourner les résistances dans les cancers KRAS G12C-mutés, souligne le Dr Antoine Hollebecque. Elles ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques personnalisées dans des situations où les options étaient jusqu’ici très limitées. »
Étude Epi-phare
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Avis de la HAS
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Pharmacovigilance
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