Que nous apprennent les exemples européens ?

« QUE SAVONS-NOUS vraiment des effets d’une déréglementation de la pharmacie en France ? » La question est, plus que jamais, d’actualité. Florian Slimano, sur le site Internet JIM.fr, propose d’y répondre en se référant aux résultats d’une récente analyse européenne menée par plusieurs économistes de la santé*. Sur la base d’une quinzaine d’indicateurs, leur étude visait à mesurer l’impact, environ dix ans plus tard, de la déréglementation de la vente de médicaments dans cinq pays (Irlande, Angleterre, Suède, Norvège et Pays-Bas), versus 4 autres pays encore réglementés (Espagne, Autriche, Danemark et Finlande). Premier constat : la déréglementation semble avoir des conséquences contrastées en ce qui concerne la création de nouveaux points de vente. En Norvège et Suède, si le nombre des pharmacies a vite augmenté en zone urbaine, il n’en n’a pas été de même dans les zones rurales où l’accès aux médicaments est devenu au contraire plus difficile. De même, notamment en Suède, la déréglementation a entraîné, du fait d’une nouvelle pression concurrentielle, une dégradation des conditions de travail et de la qualité de services proposés par les pharmaciens. Paradoxalement, relève Florian Slimano, la nouvelle donne a installé le réseau, comme en Norvège, dans une situation de monopole de grandes chaînes de pharmacie (81 % des officines dans ce pays sont possédées par 3 grands groupes).

Mais surtout, la principale conclusion des auteurs de cette enquête est la suivante : « aucun élément ne permet d’affirmer que les prix des médicaments de PMF (prescription médicale facultative) ont diminué dans les pays ayant déréglementé la pharmacie. » Si comparaison n’est pas raison, ce constat devrait en tout cas faire réfléchir les partisans d’une déréglementation soi-disant bénéfique au pouvoir d’achat…

Quoi qu’il en soit, en France, les arbitrages sur le projet de loi de libéralisation des professions réglementées devraient être rendus sous quinze jours. Le texte ne sera pas présenté en conseil des ministres avant la mi-octobre.