Les tensions et ruptures d’approvisionnement en amoxicilline se poursuivent et « devraient durer jusqu’en mars », selon un point de situation publié hier par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Chiffres à l’appui, le GERS rappelle que cette situation est due à une forte augmentation de la demande après deux années de baisse.
Jusqu’alors, les autorités estimaient un retour à une mise à disposition normale de l’amoxicilline, seule ou associée à l’acide clavulanique, au printemps. L’ANSM se montre désormais plus précise et prévoit des tensions qui « devraient durer jusqu’en mars ». L’occasion de rappeler que les formes buvables pédiatriques sont les plus touchées et que ces tensions n’épargnent pas les formes orales adultes. Les mesures mises en place depuis la fin de l’année dernière restent donc en vigueur : distribution contingentée, ventes directes suspendues, exportation interdite, priorisation de la dispensation à l’unité quand c’est possible, autorisation des préparations magistrales d’amoxicilline en gélules (125 mg, 250 mg et dernièrement 500 mg), prescription stricte dans les infections bactériennes.
L’ANSM insiste par ailleurs sur le fait que ces tensions et ruptures touchent toute l’Europe ainsi que d’autres marchés à l’international, et qu’elles sont « principalement dues à l’augmentation significative et précoce de la consommation en antibiotiques depuis cet automne en comparaison aux années précédentes, couplée à des difficultés sur les lignes de production industrielle ». Une analyse partagée par Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS et directeur général du GERS Data, qui souligne une hausse des pathologies hivernales survenues, en sus, de manière précoce.
Tout comme l’ANSM, il constate que la demande en amoxicilline a été fortement diminuée lors de la pandémie de Covid-19, ce qui a entraîné une réduction, voire l’arrêt, de certaines lignes de production qui n’ont pas retrouvé toutes leurs capacités d’avant pandémie. De fait, souligne Patrick Oscar, si la hausse de la demande en amoxicilline est très forte entre 2021 et 2022, à hauteur de +21 %, le volume d’achats par les officines françaises est légèrement en dessous du niveau enregistré en 2019 (-1 %). À noter également, la répartition des besoins sur l’ensemble de l’année est particulière en 2022. Ainsi, la comparaison des achats par les pharmacies sur le seul 4e trimestre montre une augmentation forte des besoins en 2022 aussi bien par rapport à 2021 (+9 %) qu’à 2019 (+10 %). « Cela démontre toute la difficulté de prédire les besoins et d’ajuster la production », conclut Patrick Oscar.
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