Les spécialités pharmaceutiques vues par les Français

Médicaments : la confiance retrouvée

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Publié le 15/06/2015
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Après un passage à vide l’an dernier, la confiance dans le médicament est de retour. Qu’il soit remboursé ou non, sur ordonnance ou à prescription facultative, de marque ou génériques, les Français accordent de nouveau du crédit aux spécialités pharmaceutiques… Sauf pour les vaccins.

LA DERNIÈRE ÉTUDE* menée par IPSOS pour le LEEM montre un net regain de confiance de la part des Français pour le médicament. L’an dernier, l’enquête avait pointé une perte de confiance importante ; l’indice remonte cette fois de 10 points, à 85 %. « De manière générale, nous observons un dégel de l’opinion car la toile de fond est moins difficile que l’an dernier. Nous n’avions pas vu cela depuis sept ou huit ans », explique Brice Teinturier, directeur général délégué d’IPSOS France. Même si les Français sont parmi les plus moroses concernant la situation économique de leur pays – seulement 10 % d’entre eux estiment qu’elle est bonne – l’indice de confiance des ménages et la perception du niveau de vie futur progressent. Les controverses sur le médicament qui ont affecté les résultats de l’observatoire LEEM/IPSOS 2014 sont plus rares depuis le début de l’année. Cela permet à la majorité des indicateurs de retrouver leur niveau de 2013.

Le capital confiance dans le médicament est particulièrement élevé chez les 60 ans et plus (90 %), les plus exposés aux maladies (93 % chez les ALD et 93 % chez les consommateurs quotidiens de médicaments). Toutes les catégories de spécialités gagnent ainsi en crédibilité : +5 points pour les médicaments prescrits, +6 points pour les remboursés et les marques, +7 points pour les non-prescrits et les non-remboursés, + 2 points pour les génériques. Seuls les vaccins stagnent à 71 % de confiance, après avoir perdu 6 points entre 2013 et 2014 (voir encadré).

Peur des maladies sans traitement.

Dans le même temps, le 5e Observatoire LEEM/IPSOS pointe un besoin d’informations important de la part des Français. Le score le plus élevé est de seulement 39 % de nos concitoyens qui indiquent être bien informés sur l’efficacité des médicaments. « On note une baisse de 7 points concernant l’information sur les effets secondaires, mais une hausse de 6 points sur la sécurité des médicaments, le sentiment général d’information progresse », ajoute Brice Teinturier. Dans ce contexte, les Français se tournent en premier lieu vers les professionnels de santé, à qui ils se fient les yeux fermés (à 95 % pour les médecins, 91 % pour les infirmières, 90 % pour les pharmaciens). Ils plébiscitent également la notice (87 %) et leur entourage (71 %). Un Français sur deux fait confiance aux pouvoirs publics, aux associations, aux laboratoires, aux livres sur les médicaments… Mais l’ensemble des médias est décrié et les responsables politiques suscitent le doute.

Interrogés sur les risques qu’ils redoutent le plus, les Français avouent leur peur de souffrir d’une maladie contre laquelle on ne sait pas lutter (65 %), d’être dans l’obligation de prendre de nombreux médicaments avec les risques d’interaction que cela représente (61 %) et d’être victime d’une infection contre laquelle les antibiotiques ne sont pas efficaces (60 %). Un effet des campagnes sur l’antibiorésistance ? La crainte d’acheter des médicaments contrefaits reste présente pour 50 % des personnes interrogées, mais dans une mesure bien moindre qu’en 2014 (84 %).

Pédagogie et compréhension.

À l’image du rebond de confiance pour le médicament, le grand public accorde à nouveau son crédit aux entreprises du secteur (61 % ; +4 points), qu’il juge utiles (87 %), à la pointe du progrès (81 %) et efficaces (78 %). Il se montre, en revanche, moins positif pour des valeurs comme l’éthique (37 %) ou la transparence (18 %). Globalement, l’opinion générale reste favorable puisque 72 % des Français estiment avoir assisté à une amélioration des médicaments sur les deux dernières décennies. « Le médicament est un secteur qui a un bon niveau de perception, au 4e rang derrière l’aéronautique, l’automobile et le bâtiment, et donc devant la télécommunication, la GMS, l’agroalimentaire, le nucléaire, le pétrole… », remarque Brice Teinturier.

« L’amélioration de la confiance n’est pas le fruit du hasard, même si l’effet conjoncturel compte. Cette enquête annuelle nous permet de corriger notre communication. C’est important parce qu’il existe un lien fort entre la confiance dans les soins et la façon dont on les utilise. Ce qui préside à la confiance, c’est le fait de comprendre. À nous de diffuser les éléments pédagogiques nécessaires à la compréhension du médicament, dans un langage vrai, qui n’omet pas le risque », analyse Patrick Errard, président du LEEM. C’est dans cette optique que le syndicat s’adresse avec régularité aux institutions, ministres, syndicats de professionnels de santé, etc. C’est aussi dans ce but qu’il a mis à disposition sur son site Internet, un document intitulé « 50 Questions sur les vaccins », fin avril, à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination. C’est enfin la raison pour laquelle il prend son bâton de pèlerin pour informer et prévenir l’iatrogénie de la personne âgée. À venir : des ateliers pédagogiques destinés à la presse. Une entreprise dont l’objectif est d’aider à comprendre et relayer une information objective et de qualité.

* Réponses collectées par Internet, sur un échantillon représentatif de 1 010 personnes, du 23 au 31 mars 2015.
› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3187