La forte croissance des compléments alimentaires en 2024 a tiré celle des produits de premiers recours vendus en officines, selon le baromètre NèreS. Cette croissance s’inscrit dans une évolution de fond vers plus de prévention et de conseil. Un argument de plus en faveur du délistage de 92 molécules que l’organisation professionnelle appelle de ses vœux. Les discussions avec l’ANSM sont en cours.
En présentant son Baromètre 2024, NèreS s’est félicité de la progression de 2,2% en 2024 des ventes de produits de premiers recours vendus en officine (4,5 milliards d’euros), tirée par les compléments alimentaires (+6,3). Mais l’organisation professionnelle des industriels du secteur a déploré l’atonie des médicaments sans ordonnance (+1,4 %). Une nouvelle occasion de plaider en faveur d’un délistage de 92 molécules, vendues sans prescription dans d’autres pays européens, mais pas en France.
Par exemple, l’oxymétazoline, utilisée dans le traitement de la congestion nasale liée au rhume ou à une allergie, est accessible sans ordonnance en Allemagne, Italie, Portugal, Espagne et Angleterre. Dans ces mêmes pays, est également disponible le naproxène par voie orale, pour traiter les douleurs légères à modérées, notamment douleurs menstruelles et dentaires. Les industriels visent un objectif ambitieux d’une cinquantaine de molécules délistées en trois ans. « Si c’est une dizaine, cela ne fera pas bouger les lignes de l’accès aux soins », insiste Paul-François Cossa, directeur général Santé grand public chez Sanofi.
« Nous sommes à un tournant, a indiqué Paul-François Cossa. Ce sujet n’a jamais été aussi clairement mis sur la table avec l’ANSM, la DGS et les autres directions concernées. Nous sentons une réelle volonté collective d’avancer. » D’après lui, cela pourrait se faire très vite sur certaines molécules. Les industriels ont la capacité de produire et les dossiers réglementaires sont prêts. « Le choix des molécules est la prérogative de l’ANSM, mais nous appelons à une conclusion rapide de ces échanges. »
Pour NèreS, le délistage est, en effet, un levier d’amélioration du système de santé, dans un moment de tension et de forte dette publique. Développer le rôle du pharmacien entraînerait, en premier lieu, des économies en termes de consultations et de prescriptions, « sans passer par une loi ». « Lorsqu’on déliste sans dérembourser, 20 à 30 % des patients vont directement à la pharmacie sans passer par le médecin, ce qui réduit la prescription de 40 %, précise Paul-François Cossa. Cela représenterait 377 millions d’euros d’économies pour l’assurance-maladie. »
Deuxième argument : si le nombre d’officines n’a cessé de diminuer depuis dix ans, de 1 % par an, la fréquence des visites a, elle, passé un cap en 2020 (+28 % des visites) avec la pandémie de Covid-19. Depuis elle se maintient sur un plateau, autour de 340 millions de visites pour le premier recours. Sur ce seul périmètre, près d’un million de Français se rendent en pharmacie chaque jour.
Troisième argument : cette fréquentation est renforcée par l’élargissement continu des missions des pharmaciens, avec notamment 10,5 millions de dépistages hors Covid-19 effectué en 2024 (+40,2 % ces deux dernières années). Pour preuve, le baromètre montre que les pharmacies les plus orientées sur les services triplent leur chiffre d’affaires dans le premier recours par rapport à celles qui en font le moins.
Enfin, le pharmacien est le dernier acteur de santé présent dans les déserts médicaux. Preuve que les officines sont une partie de la solution, le premier recours représente 59 % des dispensations hors prescription dans les zones denses contre 63 % lorsqu’elles se situent dans les déserts médicaux. Selon le baromètre 2024, 2 166 pharmacies opèrent dans des déserts médicaux.
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