- Le médecin a modifié le dosage du bisoprolol Monsieur Lamour ?, demande Marion en consultant l’historique des délivrances dans le dossier du patient.
- Il parle si peu vous savez… Il ne m'a rien dit à ce sujet, j'en suis certain.
- Dans ce cas, je vais confirmer ce nouveau dosage avec lui.
Après quelques minutes, la pharmacienne revient :
- Pas de changement. Il n'a pas écrit le bon dosage, explique l'adjointe.
Le patient la regarde, l'air déconfit :
- Il veut me tuer ? Heureusement que vous êtes attentive… Vous au moins, vous prenez soin de ma pauvre personne.
- Avec plaisir. Mais j'y pense, Monsieur Lamour, vous êtes à jour de vos vaccinations ? Je crois me souvenir que vous jardinez beaucoup. Si vous le souhaitez, nous pouvons faire le point ensemble.
- Ah Dame, je sais que j'ai été vacciné contre le Covid, contre la grippe ; mais pour le reste… j'en sais rien. Ça fait belle lurette que je n'ai plus de carnet de santé. À l'armée, on m'a vacciné contre tout et rien, mais depuis…
Monsieur Lamour hausse les épaules. Marion le rassure :
- Mais ça, ce n'est pas très grave. Du fait de votre maladie cardiaque, il y aurait deux vaccinations qu'il faudrait mettre à jour, pour votre sécurité : la vaccination contre diphtérie, tétanos, polio et coqueluche, et celle contre les pneumocoques. Et maintenant, je peux prescrire ces vaccins moi-même et vous les administrer, si vous êtes d'accord bien entendu.
- Vous pouvez me piquer contre ce que vous voulez, Madame, je vous fais confiance, s'amuse le patient.
Depuis qu'elle a déclaré avoir suivi la formation à la prescription des vaccins auprès de l'Ordre, la pharmacienne ne rate pas une occasion de proposer la vaccination à ses patients. Même si ces derniers lui répondent qu'ils verront avec leur médecin, elle s'en moque ; le principal, c'est qu'ils se fassent vacciner.
Au CFA, Emmanuel vient de terminer son cours de législation aux premières années de DEUST. La salle est vide, la porte est ouverte. Alors qu'il termine de mettre à jour ses notes, il entend deux voix. Celles de deux élèves qui parlent dans le couloir. Au début, il n'y prête pas attention, mais l'évocation de Maëlys le fait réagir.
- C'est Maëlys qui me l'a donné. Dans la pharmacie où elle est apprentie, elle reçoit plein de cadeaux, dit une des filles.
- Grave ! Un lait corporel comme ça, c'est pas donné. Elle a aussi filé une peluche à Noura. Cadeau d'un labo il paraît… Moi je me méfie un peu de ce qu'elle dit quand même. Elle est un peu zarbie.
Les deux voix finissent par s'éloigner. À son bureau, Emmanuel réfléchit : « La peluche, le lait corporel… Cela correspond parfaitement aux produits disparus dans la pharmacie (cf. épisode 210). Maëlys vole, c'est donc vrai ! »
Habituellement sûr de ses convictions et de l'attitude qu'il doit adopter, le préparateur militant syndical est soudain plongé dans le doute. Doit-il parler à J-C et Karine de cette conversation qu'il n'aurait jamais dû entendre ? Ou vaut-il mieux parler à Maëlys pour qu'elle arrête de voler, tant qu'il n'y a pas de preuves de sa culpabilité ?
(À suivre…)