La vaccination antigrippale permet non seulement de se protéger de la maladie mais de ses complications dont certaines sont peu connues et inattendues (AVC, infarctus du myocarde, décompensation de maladies chroniques, perte d'autonomie). Toutes ces maladies en cascade majorent le risque de mortalité et occasionnent des hospitalisations qui provoquent un débordement du système de santé en période d'épidémie.
Cette année est particulièrement critique car la crise sanitaire fait redouter un chevauchement du virus de la grippe avec celui du Covid. « Le danger ne concerne pas seulement les personnes âgées car grippe et Covid 19 ont les mêmes cibles : obèses, diabétiques cardiaques, insuffisants respiratoires… La différence est que, dans le cas de la grippe, nous disposons de vaccins pour limiter ses conséquences délétères », note le Pr Gaëtan Gavazzi, infectiologue et gériatre au CHU de Grenoble. Malheureusement, les nombreuses campagnes vaccinales menées ces dernières années n'ont pas réussi à convaincre les Français de l'intérêt de la vaccination pour eux et leur entourage. Les derniers chiffres 2 019 sont décevants : à peine 50 % des sujets de plus de 65 ans se sont fait vacciner et seulement 35 % des professionnels de santé. « Pour élargir la couverture vaccinale 2020-2021, il est essentiel de mener des campagnes de proximité, de déployer des équipes vaccinales sur le terrain pendant les deux mois à venir et d'allouer des moyens ponctuels », estime le professeur. Les gestes barrières concourent aussi à prévenir la propagation du virus grippal, ils ont fait la preuve de leur efficacité durant l'hiver austral qui vient de connaître une période d'épidémie grippale peu agressive.
Un vaccin à haute dose
« Il faut bien reconnaître que les vaccins antigrippaux inactivés quadrivalents, actuellement disponibles, ne sont pas excellents surtout pour les personnes âgées à risque, ils ne sont efficaces qu'à 30 ou 50 % », concède l'infectiologue. Le nouveau vaccin haute dose (Efluelda) semble présenter un bénéfice additionnel par rapport aux vaccins standards. Les résultats d'une étude clinique randomisée montrent une efficacité supérieure de 25 %, assortie d'un nombre inférieur d'hospitalisations (-18 000) et de décès (-700). Commercialisé aux États-Unis, ce vaccin a été sous-évalué par les autorités de santé en France (ASRM 5). Il s'agit d'un vaccin inactivé à virion fragmenté, quadrivalent, 4 fois plus dosé en antigènes puisqu'il contient 60 µg d'hémagglutinine par souche virale au lieu de 15 µg, avec une orientation préférentielle pour les plus de 65 ans à risque. « Depuis le printemps 2020, il a obtenu une AMM en Europe mais il ne sera pas disponible en France avant 2021, compte tenu des passages obligés de politique de prix et de remboursement, précise Marie-Cécile Levant, responsable des affaires médicales grippe de Sanofi France. Toutefois, un stock d'État a été constitué suite à une importation des États-Unis. L'idéal serait de pouvoir en disposer dans les EHPAD dès cette année. »
D'après une visioconférence de Sanofi Pasteur France.