- Monsieur Juillet, bonjour. Comment va votre fils ?, demande Gisèle en accueillant le visiteur.
- Ça va mieux. Mais il a été bien secoué. Il n’avait pas eu de crise depuis longtemps.
Devinant la requête de son interlocuteur, l'hôtesse tape un numéro sur son clavier d'ordinateur :
- Vous vouliez voir Kenza peut-être ? Je l’appelle tout de suite.
Quelques secondes plus tard, l’adjointe apparaît dans son fauteuil roulant.
- Merci Monsieur Juillet de repasser nous donner des nouvelles. Alors, comment va Antoine ?
- Il sort ce matin de l’hôpital. Ils l’ont gardé en observation. Il va bien mais sa langue est très abîmée. Il l'a beaucoup mordue pendant la crise. J’ai une ordonnance pour des bains de bouche, sans alcool…
- Bien sûr. Je vais m’occuper de ça. J’ai appelé le neurologue hier, qui m’a dit qu’il n’était plus recommandé de mettre quelque chose dans la bouche lors d’une crise. Effectivement, c’est ce qui est indiqué sur le site de l’association France Épilepsie. Il faut bien protéger la tête, allonger la personne et retirer ses lunettes…
- Ce que vous avez fait ! Merci encore, répond l'homme reconnaissant.
L’adjointe prend l’ordonnance dans les mains et poursuit :
- Sait-on pourquoi cette crise s’est déclenchée ? La chaleur peut-être ? Les fortes températures peuvent déséquilibrer certains traitements.
- C'est la première cause que nous avons évoquée mais… c’est encore plus simple. Ma belle-fille m'a avoué que mon fils avait arrêté son traitement depuis trois semaines.
- Arrêté ? Comme ça, sans avis médical ?
- Ils veulent avoir un enfant et il semble que son médicament ait un effet néfaste sur le développement du bébé, même lorsque c'est le père qui est traité.
Kenza fronce les sourcils :
- Ah d'accord, je comprends mieux. Les médias ont relayé cette information de l'ANSM sur le valproate pendant l'été. Mais la consigne était de consulter le médecin en cas de projet d'enfant… Voilà les limites de la médiatisation du médicament.
- Antoine est adulte, il aurait dû mesurer sa décision, soupire Monsieur Juillet.
Passant près de Kenza, Karine salue le client par un signe de la tête. Elle est accompagnée de Maëlys, la nouvelle apprentie préparatrice.
- Ouah, la classe à Dallas, dit la jeune fille en contemplant le comptoir d'accueil.
- Si vous voulez. Donc, je vous présente Gisèle… Maëlys, est-ce que vous pouvez jeter votre chewing-gum s'il vous plaît quand je vous parle ?, demande Karine agacée.
La jeune fille s'exécute et sourit à son maître d'apprentissage :
- J'adore ça, sorry.
Elle se retourne vers Gisèle et lui parle comme à une copine :
- Salut Gisèle, ça va ? Ça va être top cool de bosser ici. Je voulais vous demander, à quelle heure on prend le café ?
La pharmacienne hausse les épaules :
- Je vais vous expliquer quelques règles pour bien travailler ensemble mais avant, allons voir…
Alors qu'elle retire sa veste, la nouvelle apprentie dévoile ses bras couverts de tatouages, qui laissent Karine sans voix.