L'urticaire au froid est une maladie rare qui toucherait 0,05 % de la population. La réaction ressemble à une allergie, elle se produit lors d'une exposition au froid, à l'eau froide, à une atmosphère froide, ou à un objet froid. La maladie peut survenir à tout âge, mais sa prédominance est surtout féminine, sa durée est variable et imprévisible ; elle peut durer plusieurs années et disparaître spontanément.
La pathologie se manifeste par des plaques d'urticaire rouges, boursouflées, qui démangent sur une surface corporelle variable selon les zones d'exposition et selon les patients. Deux seuils réactogènes ont été définis : le premier est la température et le second le temps d'exposition au froid à partir duquel une réaction apparaît.
On distingue trois formes : la forme légère se limite à des plaques sur la zone exposée au froid, comme les mains après le maintien d'un objet glacé. Les symptômes de la forme modérée sont une urticaire localisée, qui peut se généraliser, mais sans signe systémique (malaise, hypotension). La troisième forme, dite sévère, est diagnostiquée dans 2/3 des cas suite à une baignade en eau froide parce qu'une large partie du corps est concernée. Le patient présente alors une éruption généralisée, avec une hypotension suivie d'un malaise, d'une vasodilatation massive et d'un choc vasoplégique avec un risque de noyade. Cette dernière forme doit être diagnostiquée tôt pour réduire le risque de complications graves. Parfois c'est un écart de température important entre l'air ambiant et l'eau de baignade qui déclenche l'urticaire. Ainsi, au bord de la Méditerranée, l'urticaire peut survenir lors d'une baignade avec des températures de l'air souvent au-dessus de 30 °C et de l'eau de mer à 20 °C.
Un diagnostic facile mais peu de traitements
Le plus souvent, les patients ne soupçonnent pas que c'est le froid qui est responsable de leur urticaire et, dans les formes légères, ils ne consultent pas. Il existe pourtant des examens simples pour en faire le diagnostic. Le test le plus facile pour explorer le temps mis pour que la réaction survienne est celui du glaçon. Un glaçon placé dans un sac plastique est déposé sur la peau de l'avant-bras pendant cinq minutes, dix minutes après on observe s'il s'est produit une réaction à type de plaques d'urticaire : plus le temps d'application nécessaire est court, plus l'urticaire est considérée comme sévère. Ces seuils sont importants à déterminer pour chaque patient et il existe des tests de provocation pour les évaluer, en particulier le Temptest. Le cas est particulièrement préoccupant lorsque l'urticaire se déclenche pour des températures supérieures ou égales à 15-20 degrés car l'organisme est régulièrement exposé à ces niveaux de « froid ».
Pour les formes légères, il n'est pas nécessaire de mettre en place un traitement, il est possible de prescrire des antihistaminiques de deuxième génération pendant les périodes d'été et de baignade. Pour les formes modérées et sévères, on prescrit de l'adrénaline en auto-injection au cas où le patient aurait un malaise lors d'une baignade ultérieure. De nouvelles biothérapies font l'objet d'essais cliniques chez les patients atteints de formes graves. Pour l'instant le Xolair (omalizumab), une biothérapie anti-Ig destinée initialement à traiter l'asthme sévère, peut être prescrit hors AMM chez certains patients en échec des antihistaminiques pour les aider à contrôler leur urticaire au froid. Beaucoup de nouvelles molécules et de recherches sont en cours pour traiter cette pathologie rare, mais parfois invalidante.
Exergue : Au bord de la Méditerranée, l'urticaire peut survenir lors d'une baignade avec des températures de l'air souvent au-dessus de 30 °C et de l'eau de mer à 20 °C.
D'après une conférence de la Société française de dermatologie.