Quand Valérie Le Tellier a repris la pharmacie du Sourn (Morbihan), avec son équipe, l’officine était en liquidation. Étant en contact avec une pharmacie de Pontivy, à quelques kilomètres de là, elle pensait qu’il ne fallait pas « laisser partir » l’officine du Sourn et que les projets du maire, Jean-Jacques Videlo, le justifiaient.
C’est au cours de sa campagne électorale pour la mairie du Sourn, en 2014, que Jean-Jacques Videlo avait été interpellé par le médecin, qui projetait un prochain départ à la retraite sans remplaçant, puis par la pharmacienne, déjà en difficultés financières, et qui ne se voyait pas survivre sans médecin. En 2016, la commune du Sourn recrutait deux médecins, employés communaux (voir « Le Quotidien » du 11 mars 2016 et du 7 septembre 2017).
Une offre cohérente
Aujourd’hui, le bourg de 2 100 habitants compte quatre médecins. Valérie Le Tellier a augmenté « de 20 % le chiffre d’affaires et développé sa clientèle ». Bien plus, Jean-Jacques Videlo a senti l’appel des communes voisines, et n’a pas voulu tout capter au Sourn. « Nous avons été rattrapés par la patrouille [la préfecture, en l’occurrence], car nous ne proposions pas de formule juridique », pour un ensemble quelque peu hétéroclite. L’élu, avec ceux d’autres communes, a réveillé une vieille formule intercommunale, créée en 1890, le syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU), plus ou moins tombé en désuétude, mais vivant encore à La Ferté-Bernard (Sarthe) pour un but analogue. Le SIVU regroupe aujourd’hui les communes du Sourn, de Malguenac (1 800 habitants), de Saint-Thuriau (1 850 habitants), de Guern (1 300 habitants) et de Melrand (1 500 habitants). Cet ensemble compte sept médecins, un assistant, trois kinés, sept infirmiers, et trois pharmacies. Une offre cohérente pour quelque 8 500 habitants.
Sur cette lancée, le conseil municipal du Sourn a décidé, en novembre 2022, la création d’un centre de santé, avec une nouvelle pharmacie où se transférera Valérie Le Tellier, et que rejoindra un centre dentaire créé par une mutuelle de Brest (Finistère). « Nous avons pris des risques au démarrage, admet Jean-Jacques Videlo, mais la santé risquait de disparaître. Aujourd’hui, tout le monde est satisfait », même si, selon lui, « le salariat [des médecins] n’est qu’une solution. »
Valérie Le Tellier, locataire d’un privé, deviendra locataire de la commune, en principe au deuxième semestre 2024, « à un emplacement très visible, à l’entrée du bourg en venant de Pontivy ». La mairie fait réhabiliter trois vieilles fermes en pierre, bientôt transformées en un centre de santé.
Exercice coordonné
La consœur se félicite d’un exercice coordonné avec médecins, infirmières, et kinés, « un travail déjà en place qu’il reste à officialiser, notamment à travers un projet de santé ». « Les retours des patients sont très positifs, assure-t-elle, les gens apprécient la proximité, cela les rassure. Il y a même des nouveaux arrivants au bourg, pour qui cet ensemble de santé est entré dans les critères de choix, notamment pour les enfants. »
Cette consœur assure trouver « sa profession de plus en plus médicale, de plus en plus intéressante. Nous entretenons une relation particulière avec les médecins. Ils m’écoutent, n’hésitent pas, par exemple, à refaire une ordonnance pour la modifier ». Valérie Le Tellier a beaucoup vacciné contre le Covid, la grippe… Cela se sait, des patients viennent de Pontivy, à 3 km, et même de l’autre côté de cette sous-préfecture.