Pour contourner la pénurie de médicaments qui frappe notre pays, notamment en paracétamol et amoxicilline, des Français installés à proximité de l’Italie, n’hésitent pas à traverser la frontière pour se ravitailler. Pourtant, selon les pharmaciens installés dans la petite ville touristique de Vintimille, l’affaire des clients français est à relativiser. « Durant les dix derniers jours, nous avons eu quelques Français en plus mais rien d’exceptionnel par rapport au volume habituel », confie une pharmacienne de l’officine Quaglia située en plein centre de la ville. Dans une autre pharmacie, quelques mètres plus loin, même son de cloche. « Quelques frontaliers de plus que d’habitude sont venus acheter de l’amoxicilline et du paracétamol qu’ils avaient du mal à trouver en France, mais en toute franchise, ils ne sont pas vraiment plus nombreux que d’habitude » relève pour sa part le Dr Lidia Chiarenza.
Plus de 3 000 produits en rupture de stock
Comme une bonne partie de ses voisins européens, l’Italie est elle aussi confrontée à une grave pénurie. Selon l’agence italienne du médicament (AIFA), plus de 3 198 produits sont désormais en rupture de stock. Dans tout le pays, les réserves d’antibiotiques, antiépileptiques, antidouleurs, antihypertenseurs, antidépresseurs, diurétiques et antireflux, diminuent à vue d’œil. Et dans une partie de l'Italie, le paracétamol et les anti-inflammatoires à base d’ibuprofène commencent à manquer. Mais ce n’est pas le cas partout, ce qui explique l'afflux de clients français en Ligurie, où les officines ont réussi à sauver, voire à reconstituer des stocks. « Toutes les régions n’ont pas les mêmes réseaux de fournisseurs, ce qui explique qu’à Vintimille par exemple, nous n’avons pas de problème avec le paracétamol contrairement au Latium, alors que nous manquons cruellement d’Ibuprofène, désormais introuvable à l’échelle nationale », déclare le Dr Lidia Chiarenza.
Selon l’agence italienne du médicament, cette pénurie s’explique en partie par une interruption de la commercialisation de certains produits, mais aussi des problèmes au niveau de la production et une augmentation de la demande. Pour combler ce déficit, le ministère de la Santé vient d’autoriser les importations. Mais chaque médicament importé devant obtenir au préalable une autorisation de mise sur le marché, la pénurie risque de perdurer. À Rome, le Dr Luca Pagano, titulaire d’une officine située à quelques mètres du Colisée, s’inquiète. Avec la nouvelle vague de coronavirus et les pathologies hivernales qui ont généré une augmentation de la consommation de certaines molécules, s’ajoute la guerre en Ukraine qui ralentit les échanges notamment au niveau des matières premières. « Avoir le principe actif ne suffit pas, on ne sait pas comment les emballer car on manque de plastique, d’aluminium et aussi de carton », confie le Dr Pagano. Alors que faire pour combattre la pénurie ? « Il faut faire intervenir les pharmaciens, nous pouvons fabriquer des médicaments en peu de temps, cela fait partie de notre cœur de métier », conclut un confrère.