Paru aux éditions Anne Carrière, « Les Simples » est un roman haletant et délicat, pétri d’érudition, à mettre entre toutes les mains des passionnés des plantes, de l’histoire de la pharmacie et de l’époque de la Renaissance.
Dans les murs de l’abbaye de Notre-Dame du Loup, tous les matins, les bénédictines se lèvent très tôt, et l’une d’entre elles, Clémence, s’affaire sans relâche à préparer ses simples, herbes fraîches qu’elle glane chaque jour au bord du ruisseau et sous les arbustes de la forêt provençale qui embaume le village de Vence. L’autrice, Yannick Grannec nous régale de ces paysages dont elle est originaire, tandis que sa plume précise devient aussi acerbe et tranchante lorsqu’il s’agit de nous conter les intrigues politiques qui affolent les robes des moniales dans le silence du cloître.
Au cœur du récit, le monde secret des religieuses, leurs questionnements sur leur engagement et leur claustration, permet d’éclairer le sort d’une part non négligeable de femmes de cette époque. Sous le voile, une humanité tendre ou plus cruelle se fait jour. Toutefois, dans ce chaos émotionnel, seule Clémence ne semble pas douter, car elle seule a la liberté d’aller et venir en dehors de l’abbaye pour cueillir ses plantes, elle seule parvient à justifier sa fidélité à Dieu en s’adonnant à sa vocation, celle de soigner son prochain.
Ce livre est un hymne au dévouement sans faille d’une sœur-guérisseuse, d’autant plus touchant dans la période que l’on vit actuellement. On appréciera aussi l’inventivité réjouissante des recettes de remèdes qui émaillent l’histoire.
« Les Simples » de Yannick Grannec, éditions Anne Carrière, 2019, 446 p, 22 €.