- Ah, vous avez retrouvé le chauffage, on dirait ?, lance Monsieur André, alors qu'il franchit le seuil de la pharmacie.
- Effectivement, et heureusement…, lui répond Gisèle.
- Oui heureusement, parce que ce n'était pas très convivial tout de même. Un peu plus et j'allais voir ailleurs, l'interrompt le vieil homme sur le ton de la plaisanterie.
Toute l'équipe connaît bien Monsieur André et s'en méfie car, malgré une bonhomie apparente, ce dernier peut se révéler extrêmement roublard.
- Je viens chercher un médicament, je connais le chemin, poursuit-il avant même que Gisèle ait pu le questionner.
Dans l'espace prévention et dépistage, Marco, un jeune trentenaire, attend avec sa fiancée que Marion le laisse entrer dans la salle Pelletier. Cet espace dédié à la réalisation des tests porte le nom du célèbre pharmacien du XIXe siècle, dont les travaux sur les alcaloïdes ont conduit à découvrir la quinine.
- Monsieur Giraud, on y va ?, dit l'adjointe au patient en l'invitant à entrer.
- Est-ce que Liv peut venir avec moi ?
- Oui, pourquoi pas.
- Merci.
Marion demande à Marco Giraud de s'asseoir tandis qu'elle s'équipe et prépare le matériel pour réaliser le TROD angine. Ce dernier a été demandé par le médecin de téléconsultation. Au test de Mac Isaac, l'homme remplit tous les critères pour bénéficier du TROD.
Lorsque, tenant l'abaisse-langue dans sa main gantée, la pharmacienne s'approche de Marco, elle voit le jeune homme se crisper.
- Détendez-vous, je vais juste appuyer sur votre langue et prélever un peu de sécrétions dans votre gorge.
Marion approche rapidement l'écouvillon pour le passer sur l'amygdale enflée. Brusquement, le jeune homme retire la tête en arrière et plaque ses deux mains sur sa bouche. Il est très pâle et, pris de nausées, se retourne et vomit sur le sol.
Aussitôt, Marion dépose l'écouvillon dans le tube de réactif et demande à la petite amie d'aller chercher un collègue. Lorsqu'elle se lève, la jeune femme balbutie quelques mots et tombe lourdement au sol.
- Il nous fallait ça en plus !, s'exclame l'adjointe énervée. Monsieur Giraud, restez assis. On va s'occuper de vous et de votre amie. Mais s'il vous plaît, ne bougez pas.
Elle ouvre la porte et appelle de l'aide :
- Gisèle, est-ce que quelqu'un peut venir rapidement ici. Mes patients ont fait un malaise et… et autre chose. Demande à Maryline, vite.
Lorsque Marilyne accourt, elle comprend ce qu'il vient de se passer, à l'odeur.
- Je suis désolé, je suis désolé, répète d'une voix plaintive le jeune homme.
Marion relève les jambes de Liv, revenue à elle après son malaise vagal.
- Restez allongée comme ça. Ne bougez pas, par pitié.
« Nous n'aurons pas fait cela pour rien », songe Marion en se dirigeant vers le tube à essai dans lequel est plongé le prélèvement. Elle décide de poursuivre la procédure.
- Je suis désolé, je suis désolé…
- Je vous avais pourtant demandé si aviez tendance à vomir facilement, lui rétorque l'adjointe, un peu radoucie. Bon, vous aurez besoin d'antibiotiques, le test est positif.
- Merci, merci pour tout. Mais pourriez-vous éteindre la lumière de votre lampe frontale maintenant, demande le jeune homme ébloui.
(À suivre…)