Avec le Danemark, la Suède et la Bulgarie, l’Allemagne fait partie des pays de l’Union européenne où la TVA est la plus élevée sur les médicaments, qui ne bénéficient pas de taux réduits. Début juin, le ministre des Finances, Olaf Scholz, a annoncé que le taux général de la TVA passerait de 19 à 16 % du 1er juillet au 31 décembre prochain. Les médicaments remboursables vont donc eux aussi baisser de 3 %, mais la structure très complexe de leur prix aura pour effet de diminuer la rémunération nette des pharmaciens de 4 centimes par boîte.
En effet, si le prix brut du médicament diminue, les pharmaciens n’en doivent pas moins consentir un « rabais » de 1,77 euro par boîte aux caisses de maladie publiques, qui assurent 80 % des patients. Chaque officine leur délivre en moyenne 32 000 boîtes par an, soit 16 000 par semestre. Ce rabais étant fixe, la baisse du prix total du médicament entraîne donc cette diminution de rémunération de 4 centimes soit, pour 16 000 boîtes, 650 euros de revenu net en moins, ou près de 110 euros par mois.
Les pharmaciens parlent avec amertume de « dégât collatéral » et leurs syndicats montent dès à présent au créneau pour que cette baisse soit compensée par une diminution au moins provisoire du rabais, qui devrait donc passer à 1,73 euro. L’affaire est toutefois loin d’être gagnée, et le temps presse. En outre, les pharmaciens soulignent que la fixation des nouveaux prix sera complexe à mettre en œuvre, car il existe dans leur structure d’autres forfaits « sociaux » qui influent eux aussi sur les prises en charge et les remboursements.
En ce qui concerne les OTC, les choses sont a priori plus simples puisqu’ils ne sont pas soumis au « rabais des caisses ». Les pharmaciens, comme n’importe quel commerçant, seront libres de répercuter ou non cette baisse à leurs clients. La moitié d’entre eux envisagent de le faire, totalement ou partiellement, tandis que les autres estiment avoir besoin de ces sommes pour compenser leur chute de revenus de ces derniers mois. Mais de nombreux pharmaciens s’inquiètent déjà de la gourmandise des pharmacies en ligne qui vont se servir de cette nouvelle baisse comme d’un argument marketing supplémentaire. De plus, beaucoup d’officinaux s’attendent à ce que les grossistes « confisquent » tout ou partie de cette baisse à leur profit.