- Maëlys vole des produits ? Voilà autre chose, s'exclame J-C. On la convoque et on la cuisine pour qu'elle avoue… C’est simple.
Avant de répondre, Emmanuel cherche le soutien de Karine :
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Ça pourrait se retourner contre vous. Je vous conseille plutôt de respecter le droit du travail.
- C'est-à-dire ? La laisser nous dérober une partie de notre stock ?
- J-C, pour l'instant, ce n'est qu'une suspicion. On marche sur des œufs, rétorque son associée.
- Première démarche, trouver des preuves. Il faut qu'on mène une enquête en toute discrétion. On la surveille plus étroitement, surtout quand elle croit être seule, conseille Emmanuel.
Alors que le préparateur s'apprête à retourner dans l'espace client, on frappe à la porte :
- Karine, quelqu'un veut vous voir. C'est Monsieur Maurice…, dit Théo.
Karine et Emmanuel sortent ensemble du bureau.
- Alors Théo, tu manifestes la semaine prochaine ?, demande J-C. Ah si je pouvais, je viendrais avec vous. Ça me rappellerait les belles années. Je me souviens qu'en 1994 ou 95, peu importe, nous avions fait tout un cortège de la fac jusqu'à la préfecture.
- Pourquoi ?
Le titulaire hausse les épaules :
- Ah ça, je ne m'en souviens plus. J'étais diplômé depuis peu et j'avais voulu suivre le mouvement.
- Alors venez ! Il faut que les pharmaciens en activité viennent grossir le cortège. Nous ne manifestons pas que pour la réforme des études, mais aussi pour l'avenir de la pharmacie. Notre formation n'est plus adaptée à ce qu'on nous demande à l'officine. Il faut que ça évolue, s'enthousiasme le tout jeune pharmacien.
- C'est bien ça, je vois que tu es briefé. Et dis-moi, tu avances sur ta thèse…
Théo répond vaguement :
- En fait, je vais changer de sujet. Donc ça prend du retard. Vous viendrez à la manif alors ?
- Hélas non. Ma mère ne va pas très bien, je vais la voir tous les jours. Et puis on a une série de vaccinations à faire ce jour-là, on ne va pas tout décaler.
Au comptoir, Karine écoute attentivement Monsieur Maurice :
- C'est à l'adjointe que je m'adresse autant qu'à la pharmacienne, Madame Dupré. On n'en peut plus de notre voisine. Sa maison est devenue un vrai taudis. Cet été, je n'ai jamais vu autant de rats dans mon jardin. Je suis sûr que ça vient de chez la mère Jacqueline.
- Vous avez déjà contacté la mairie ?
- Oui, mais ça reste lettre morte.
- S'il y a un risque d'insalubrité publique effectivement, la mairie doit intervenir.
Un peu tard, Karine glane des renseignements auprès de Marilyne, la femme de ménage. Cette dernière connaît quasiment tous les habitants, de près ou de loin.
- Ah ça, la maison est dans un état de délabrement incroyable. Il faudrait tout raser. À l'intérieur, il paraît qu'on peut à peine entrer tant les pièces sont encombrées. Quant à la Jacqueline, elle ne sort plus de chez elle…
- Elle a été cliente mais, effectivement, ça fait des années qu'elle ne vient plus, remarque la pharmacienne en consultant l'ordinateur. Je ne me souviens même plus d'elle. Il va falloir enquêter.
(À suivre…)