L'algorithme de calcul de Nutri-score a souvent été critiqué par les professionnels de la nutrition. Ils lui reprochaient de prendre en compte des critères quantitatifs trop généraux (apport calorique, quantité de sucres, de sel ajouté ou de graisses pour 100 g de produit) sans mettre l'accent sur des critères qualitatifs comme la présence bénéfique de fibres ou la qualité de certains acides gras. Ils l'accusaient aussi de négliger certains aspects comme la présence d'additifs et de pesticides, la taille des portions et l'ultra transformation des aliments (AUT).
Dans le cadre de la gouvernance mise en place entre les sept pays engagés en faveur du Nutri-score (France, Belgique, Espagne, Allemagne, Pays Bas, Luxembourg et Suisse) un comité scientifique, composé d'experts scientifiques indépendants, a identifié et proposé des évolutions en cohérence avec les recommandations nutritionnelles. L'algorithme va s'adapter d'ici fin 2022 en pénalisant davantage les aliments solides dont les taux de sucres, de sel ou de graisses saturées sont trop élevés, ils passeront dans les catégories D/E. Ainsi, les plats industriels prêts-à-manger et les pizzas surgelées n'auront plus de notation verte (A ou B) mais passeront en catégorie C ou D. Au total cinq classes de produits vont être modifiées dans les prochains mois.
Des changements de couleurs et de lettres
La sanction la plus sévère concerne les viandes rouges et les viandes transformées dont la note est revue à la baisse. L'objectif de cette mesure est de limiter leur consommation globale en raison de leur forte teneur en acides gras saturés avec le risque de développer certains cancers. En revanche, les poissons gras comme le saumon, sans ajouts (sel ou huile), seront présentés comme des aliments sains en obtenant les lettres A/B. Les huiles de colza, de noix ou d'olive étant « moins riches en acides gras saturés » seront également mieux valorisées et s'élèveront au rang B au lieu de C en tenant compte des profils bénéfiques de leurs acides gras. Les produits laitiers bénéficieront eux aussi d'une meilleure différenciation en fonction de leur teneur en sucres ajoutés ou non.
Les fromages ont longtemps fait figure de mauvais élèves avec des notes D ou E, alors qu'ils peuvent parfaitement être consommés dans le cadre d'une alimentation équilibrée. Ils ont déjà fait l'objet d'une adaptation dans le calcul du Nutri-score pour prendre en compte leur taux élevé en calcium, mais le nouvel algorithme permettra de mieux répartir les notes des fromages en fonction de leurs teneurs en protéines, en sel et en acides gras saturés. Ainsi, les fromages à pâte pressée les moins salés comme le cantal ou l'emmental seront notés C et non D, tout comme les fromages à pâte molle avec une teneur réduite en sel.
Du côté des céréales, les scores nutritionnels devraient être améliorés pour mieux différencier les aliments complets et raffinés : ceux riches en fibres seront classés A, tandis que les produits raffinés auront une note B ou C selon leur teneur en sel. Les céréales sucrées comme celles du petit-déjeuner seront elles aussi à consommer avec plus de modération, elles seront préférentiellement classées C et ne pourront plus atteindre un score A. La notation changera aussi pour le pain et les pâtes afin de mieux discriminer les produits complets.
Les modifications appliquées à l'algorithme du Nutri-score seront finalisées avant la fin de l'année 2022, mais les opérateurs disposeront d'une période suffisamment longue pour la mise en œuvre du nouveau logo.