Organisée à Nancy dans le cadre de la Journée mondiale des pharmaciens, une soirée débat a réuni enseignants, étudiants et installés pour mieux comprendre la désaffection croissante pour les études de pharmacie.
« J'ai 131 places en seconde année, et moins de 100 inscrits cette année », constate le Pr Raphaël Duval, doyen de la faculté de pharmacie de l'université de Lorraine. Si la première année d'études de santé, la PASS, a tendance à trop hiérarchiser les choix des disciplines au profit de la médecine, cet état de fait dénoncé aussi par les étudiants ne suffit pas à expliquer la crise actuelle. « La variété des métiers de la pharmacie est méconnue des futurs étudiants, et nous devons les sensibiliser à la richesse de ses activités », explique-t-il.
Pour mieux se faire connaître, la faculté de Nancy a chargé des étudiants de devenir ses « ambassadeurs » dans les lycées de la région et envisage d'élargir ces rencontres aux collégiens. Les jeunes sont très sensibilisés à l'environnement, mais ignorent souvent que les études de pharmacie permettent de travailler sur ces questions, constate le doyen Duval. Il veut aussi mieux informer les parents, dont l'influence sur les études de leurs enfants est souvent déterminante.
Attirer de nouveaux étudiants
Après avoir rappelé que l'hôpital manque aussi de pharmaciens, bien que le nombre des internes ait fortement augmenté, le Pr Patrick Rambourg, président de la section H du CNOP, estime que la coopération interprofessionnelle, la fin de l'isolement des pharmaciens et l'ouverture aux nouvelles missions attireront de nouveaux étudiants vers la profession.
Lysa da Silva, présidente de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), tente de synthétiser la situation : « La méconnaissance de nos métiers aggrave la pénurie, mais les jeunes pharmaciens doivent façonner la profession pour qu'elle réponde mieux à leurs attentes. » Lors du débat avec la centaine de participants présents, une officinale a rappelé que la pénurie concerne aussi les préparateurs : selon elle, « un jeune pharmacien qui veut s'installer ne le fera pas s'il ne peut pas compter sur du personnel compétent pour le seconder ».
Les questions économiques, dont les contraintes actuelles, les coûts d'installation et les rémunérations insuffisantes des collaborateurs pèsent-ils sur les effectifs étudiants ? « Ambassadrice » de la pharmacie dans son ancien lycée, Zoé, étudiante en 4e année, ne le pense pas : « On est d'abord ici pour passer notre diplôme, et la fac ne nous forme d'ailleurs pas du tout à ce genre de sujets », dit-elle. De même, Maxime, en 5e année, a choisi pharmacie « par intérêt pour les sciences », et admet « mal connaître » ces aspects : selon les étudiants, ils concernent bien plus les jeunes diplômés que les futurs diplômés.