« Certains patients sont enfermés dans l’idée d’une maladie de Lyme chronique où la souffrance et l’infection persisteraient de manière indétectable conduisant à la réalisation de tests diagnostiques de Borrelia non validés et de prescription de poly antibiothérapies prolongées aux effets potentiellement délétères mais qui ne résolvent presque jamais le problème de manière durable », constate le Dr Cédric Lenormand, service de dermatologie, CHU de Strasbourg. Les nouvelles recommandations (en cours) visent à optimiser la durée de l’antibiothérapie et de limiter l’errance des malades, notamment ceux répondant à la définition du « syndrome post-Lyme » (ou PTLDS pour post-treatment Lyme disease syndrome), considéré comme un syndrome post-infectieux. Trois stades de la maladie sont habituellement distingués et la prise en charge doit faire appel à des équipes pluridisciplinaires dans les cas les plus sévères.
Une atteinte cutanée typique
La borréliose de Lyme précoce localisée se traduit par une tache cutanée qui survient dans le premier mois suivant la piqûre de tique. Elle est très évocatrice, caractérisée par une atteinte cutanée typique, l’érythème migrant, qui va s’étendre progressivement de manière centrifuge. L’évolution naturelle de l’érythème migrant sans traitement est de disparaître après un certain temps. Avec un traitement antibiotique adapté (doxycycline pendant 7 ou 14 jours), la tache disparaît généralement en moins d’un mois mais les patients risquent de développer de nouveaux symptômes ultérieurement. Certains symptômes comme la fatigue, les maux de tête peuvent perdurer quelques semaines à quelques mois supplémentaires. « Les patients doivent être informés qu’une fois guéris, ils ne seront pas immunisés et pourront tomber à nouveau malades en cas de nouvelle piqûre infectante », précise le médecin.
Les formes potentiellement plus graves
Les borrélioses de Lyme disséminées précoces surviennent typiquement entre 1 et 6 mois après la piqûre de tique, parfois l’érythème migrant initial est encore présent. Il peut s’agir de nouvelles manifestations cutanées telles que des taches multiples ressemblant à celle initiale (érythèmes migrants multiples). On peut aussi observer des troubles cardiaques (anomalie de la conduction) ou ophtalmologique « Ces manifestations cliniques n’apparaissent qu’en l’absence de traitement antibiotique, lorsque la phase initiale de l’infection est passée inaperçue. Le traitement repose le plus souvent sur la doxycycline en première intention pendant 2 à 3 semaines. »
Les borrélioses de Lyme tardives disséminées sont rares
Les borrélioses de Lyme tardives disséminées sont beaucoup plus rares. Les manifestations cliniques surviennent plus de 6 mois après la piqûre infectante, parfois plusieurs années après, alors que le patient n’a eu aucun symptôme jusque-là. Il peut s’agir d’une atteinte articulaire appelée arthrite de Lyme, assez peu fréquente en Europe. Une autre manifestation tardive très caractéristique est l’acrodermatite chronique atrophiante, qui touche le plus souvent des adultes de plus de 50 ans.
La manifestation tardive la plus rare est la neuroborréliose, dont on n’observe que quelques cas par an en France. Il s’agit généralement d’une encéphalomyélite qui se manifeste typiquement comme syndrome pseudo-démentiel, avec des troubles de la mémoire, de la coordination, Cette démence apparaît progressivement et s’accompagne souvent d’une fatigue, de céphalées, ou encore de douleurs articulaires. Elle touche des patients de 50-60 ans pour qui les médecins suspectent parfois une maladie d’Alzheimer. Le traitement fait appel à 4 semaines de doxycycline ou de céphalosporines de troisième génération avec le plus souvent une récupération des fonctions supérieures.
D'après un communiqué du Dr Cédric Lenormand, aux Journées Dermatologiques de Paris (JDP). Édition 2024